Des musulmans, « de plus en plus mal à l’aise en France »

« Fatigués d’être stigmatisés », Allouche, Djamila et leurs enfants, pensent à quitter leur pays. En plein débat sur le voile intégral, reportage dans une famille musulmane de Nanterre.

Le projet de loi sur le voile intégral, la polémique autour du mari d'une femme voilée… les projecteurs sont vissés sur les musulmans en France. Comment le vivent-ils au quotidien ? Reportage dans une famille musulmane de Nanterre, dans les Hauts-de-Seine.

Marre de cette « haine de l’Islam »

Djamila, Allouche et leurs 6 enfants, en ont marre d’entendre, au lever, au coucher : les musulmans font ci, les musulmans font ça… Il y a en ce moment « une haine de l'islam », explique Djamila, née à Argenteuil de parents algériens. « Toutes ces polémiques racontent que le musulman n'est pas bon et tout se mélange », regrette-elle.
Allouche, son mari, né à Nanterre, d'un père algérien et d'une mère française, reprend : « on en a marre d'être pris a parti, stigmatisés. Etre musulman, c'est vivre notre religion dans la société, dans l'écoute des autres et dans le respect des lois et de toutes les cultures. S’il n’y avait pas cette stigmatisation, il n’y aurait pas cet esprit de communautarisme, dans lequel on nous retranche ».

« Les femmes musulmanes sont libres »

D'où l'incompréhension. « Le gouvernement veut faire des lois pour notre liberté, renchérit Djamila, mais je suis libre ! » Son voile lui couvre les cheveux, un sourire illumine son visage : « Qu'elle porte le voile intégral ou un autre, la femme musulmane n'est pas forcément soumise, s'insurge-t-elle. Et ce qui est dommage, c’est que personne ne veut nous croire ».
Et la plus grande douleur pour cette famille, c'est de se sentir exclue dans leur propre pays. Djamila, Allouche et leurs six enfants sont nés en France. Pourtant, « on se sent de plus en plus mal à l'aise, confie Djamila, qui avoue avoir peur. Nous pensons même à nous installer en Angleterre… »

« Résoudre le chômage, plutôt que diviser les gens ! »

Tout aussi las que leurs parents, Salim et Mehdi, les deux aînés de la famille – ils ont chacun une vingtaine d'années – sont convaincus que les politiques « font ici des problèmes pour rien. Il y a d’autres choses à faire en France, lance l’un d’eux, énervé : les clochards, le chômage… Plutôt que de diviser les gens, ils feraient mieux de résoudre ces problèmes ! ».

La Rédaction, avec Nicolas Marsan