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Consulter un site islamiste doit-il devenir un délit ?

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Après l’arrestation de 12 terroristes présumés ce week-end, Manuel Valls a dénoncé « l’antisémitisme véhiculé par Internet ». Condamner la consultation de ces sites est-il est une solution ? « Ce sont plutôt les émetteurs de ce type d’images qu’il faut censurer », estime une constitutionnaliste.

La disposition avait été envisagée par le gouvernement Sarkozy quelques mois après les tueries de Mohamed Merah, puis écartée par le gouvernement Ayrault pour des raisons constitutionnelles : faut-il condamner les internautes qui se rendent sur les sites appelant au jihad ? La question se pose à nouveau après le vaste coup de filet dans les milieux terroristes présumés où 12 personnes ont été arrêtées. Chez l’un d’eux, une liste d’organisations juives avait été retrouvée, et un enquêteur confirme que « tout montre que les 12 interpellés étaient déterminés à passer à l’action ». Dénonçant « l'antisémitisme, l'antijuif véhiculés par Internet », Manuel Valls a fustigé lundi, « un certain nombre de médias qui viennent du monde arabo-musulman et qui agissent sur des esprits faibles, l'endoctrinement, le mélange entre islamisme radical et trafic d'armes et de drogue ».
Un projet de loi anti-terroriste sera examiné au Parlement avant la fin de l’année, mais s’il permettra de poursuivre des Français commettant des actes de terrorisme à l'étranger ou partant s'y entraîneur au djihad, rien n’est prévu pour la consultation des sites islamistes ou appelant au jihad.

« Il faut être liberticide »

Pour Bruno Beschizza, secrétaire national UMP en charge de l'emploi des forces de Sécurité, ce serait pourtant une bonne solution pour éviter l’endoctrinement de certains esprits fragiles. « Cela ne me choque pas de pénaliser la consultation de ce type, reconnaît-il. On n’est plus dans la connaissance, dans l’instruction, on est dans l’incitation, non plus à la haine raciale, mais quasiment à faire des actes terroristes ! Il faut être liberticide envers ceux qui propagent une idéologie terroriste qui va à l’encontre de notre République ».

«Si je me promène avenue Montaigne, je ne suis pas en train de préparer un casse»

Professeur de droit constitutionnel à Rennes et vice-présidente de l'Association française de droit constitutionnel (AFDC), Anne-Marie Le Pourhiet pense au contraire qu’on se trompe de cible. « Ce sont plutôt les émetteurs de ce type d’images qu’il faut censurer, pas le lecteur. On ne peut pas dire que celui qui fait ça, qui regarde un site terroriste soit déjà en état de complicité d’un tel délit, estime-t-elle, avant d’imager son discours : si je me promène avenue Montaigne, ce n’est pas forcément parce que je suis en train de préparer un casse ».

La Rédaction