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Affaire de pédophilie à Lyon: des victimes demandent audience au pape

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Les membres de La Parole libérée, une association qui fédère les victimes d'un prêtre soupçonné de pédophilie dans le diocèse de Lyon, ont envoyé une lettre au pape pour lui demander une audience privée et obtenir des explications sur la gestion du dossier.

Des victimes de l'affaire de pédophilie du père Preynat, en région lyonnaise, ont écrit lundi au pape pour lui demander une audience privée et des explications sur la gestion du dossier, notamment par le cardinal Barbarin.

Ce courrier, daté du 14 mars, vient d'être envoyé par voie postale et devrait également être transmis au souverain pontife par des "autorités ecclésiastiques bienveillantes", a-t-on appris auprès de Bertrand Virieux, un des membres de l'association La Parole libérée, confirmant une information du Parisien.

"On n'a plus confiance dans notre diocèse (de Lyon, Ndlr) qui est juge et partie dans ce dossier. On fait donc appel au pape et on souhaiterait qu'il y ait un acte fort", explique-t-il à l'AFP, ajoutant: "Ce n'est pas à nous de demander la démission du cardinal Barbarin mais au pape d'en juger".

"Comprendre", sans "aucun esprit de vengeance"

Dans cette missive, les victimes réunies dans l'association expliquent ne pas "comprendre" la réaction des autorités religieuses dans ce dossier, précisant n'être animées "d’aucun esprit de vengeance".

"Nous souhaitons, Très Saint-Père, que vous puissiez être un phare dans notre nuit et que vous preniez le temps de nous connaître", écrivent-elles, selon un extrait reproduit par Le Parisien. "Nous avons l'impression que notre démarche de vérité gêne, et que la parole n'est pas la bienvenue."

"Les multiples victimes ne peuvent comprendre les paroles du Père Federico Lombardi (porte-parole du Vatican, Ndlr) qui annonce que 'l’archevêque de Lyon a traité avec une extrême responsabilité' ce dossier. Les dizaines de victimes ne peuvent comprendre que le président de la Conférence épiscopale, Mgr Georges Pontier, ait déclaré que l'archevêque de Lyon était 'rigoureux' dans sa gestion", indique le courrier.

"Les victimes que nous sommes ne peuvent comprendre pourquoi la réponse de Rome, début février 2015, imposait des mesures disciplinaires et 'la fin de toute pastorale le mettant en contact d’enfants' et que rien ne se soit passé dans les faits jusqu’au 31 août 2015", ajoute-t-il.

Selon le diocèse de Lyon, le cardinal Barbarin avait reçu un premier témoignage de victime à l'été 2014. Après avoir diligenté une enquête et pris avis auprès du Vatican, il avait retiré "toute forme de ministère" au père Preynat en mai 2015. Mais dans les faits, celui-ci a quitté ses paroisses du Roannais fin août 2015.

Les victimes veulent "comprendre comment un homme a pu perpétrer ces actes abominables sur des enfants sans que sa hiérarchie ne juge bon de le mettre hors d'état de nuire ni d'en référer à la justice" et "que la responsabilité de chacun soit établie par la justice de notre pays et votre autorité".

Une enquête ouverte

Victime d’attouchements répétés de la part du père Preynat lors de camps scouts et cosignataire de cette lettre au pape, Alexandre Dussot s’est confié à BFMTV:

"Les violences sexuelles que j’ai subies pendant deux à trois ans, je les ai toujours gardées en moi", témoigne ce père de famille. "Il y a différents degrés, pour certaines personnes plus difficiles que d'autres. C'est tout ce que l'on peut avoir comme viols et violences sexuelles". 

"C'était quelqu'un qui était très charismatique et qui avait une force un peu importante parce que c'était quelqu'un de grand et fort. Il ne s’attaquait quasiment qu’à des enfants entre 7 et 12 ans. Il disait à chaque scout 'tu es mon petit garçon préféré' en les embrassant de toutes les manières possibles et imaginables", se rappelle-t-il. 
Dans ce dossier, le père Preynat a été mis en examen fin janvier pour des agressions sexuelles sur de jeunes scouts lyonnais entre 1986 et 1991. Début mars, la justice a également ouvert une enquête sur des accusations de "non-dénonciation" d'atteintes sexuelles, après des plaintes de victimes en ce sens, volet qui pourrait mettre en cause des responsables du diocèse de Lyon dont le cardinal Barbarin.
V.R. avec AFP