Abbé Pierre: l'ouverture des archives du Vatican réclamée par la Conférence des religieuses et religieux de France

Portrait réalisé le 16 septembre 2002 à Saint-Omer, de l'abbé Pierre, fondateur il y a plus d'un demi siècle des communautés Emmaüs - PHILIPPE HUGUEN / AFP
La présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref), Véronique Margron, a demandé ce jeudi 17 avril l'ouverture de "toutes les archives" sur l'abbé Pierre, y compris celles du Vatican, pour permettre aux chercheurs de "travailler" sur ses agissements et "l'impunité" dont il a bénéficié.
Selon un livre-enquête des journalistes Laetitia Cherel et Marie-France Etchegoin intitulé Abbé Pierre, la fabrique d'un saint (Allary) qui paraît ce jeudi, le Vatican était au courant "dès l'automne 1955" des agissements du fondateur d'Emmaüs, visé par des accusations d'agressions sexuelles.
"Il faut une enquête historique"
"Il faut que toutes les archives qui concernent l'abbé Pierre, il y en a notamment au Saint-Siège, soient ouvertes pour que les chercheurs, les journalistes puissent travailler", a déclaré la théologienne à l'AFP.
"Il faut faire une enquête historique pour comprendre comment cet homme (...) a pu devenir le personnage public qu'il a été jusqu'à sa mort. C'est une sorte de tour de passe-passe", poursuit Véronique Margron.
"Il est glaçant de voir que visiblement au plus haut niveau de l'Église catholique, des responsables se sont rendu compte très tôt que cet homme était dangereux, et au bout du compte l'abbé Pierre a pu sévir en toute impunité pendant des décennies et des décennies", poursuit la présidente de la Corref, association catholique représentant près de 480 instituts religieux.
"Des responsables non seulement ont vu, mais ont voulu agir. Et rien ne s'est passé, d'autres ont voulu le protéger", observe la théologienne. "Les victimes de l'abbé Pierre n'auraient jamais dû croiser cette route de malheur", regrette-t-elle.
Selon ce livre-enquête, le Vatican avait réclamé une procédure judiciaire ayant été freinée par des évêques en France.
La Conférence des évêques de France (CEF) a annoncé ce jeudi qu'elle allait "se rapprocher" du Vatican pour "faire la lumière" sur de nouveaux éléments dont elle "n'avait pas connaissance".