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"Réformer l'accueil des gens du voyage": le texte adopté par les députés, la gauche pointe son caractère "répressif"

L'Assemblée nationale (image d'illustration)

L'Assemblée nationale (image d'illustration) - JULIEN DE ROSA

L'Assemblée nationale a adopté ce mercredi un texte, porté le groupe Horizons, afin de "réformer l'accueil des gens du voyage", et ce, malgré l'opposition des partis de gauche.

Les députés ont adopté ce mercredi 27 mercredi en commission des Lois un texte du groupe Horizons pour "réformer l'accueil des gens du voyage", en luttant plus fermement contre les installations illégales, provoquant de vives réactions à gauche.

La proposition de loi, portée par le député Xavier Albertini, a notamment reçu le soutien des députés du bloc central et du Rassemblement national. Au contraire, les élus de gauche ont dénoncé à l'unisson un texte qui risque d'aggraver les "discriminations" et développe le seul volet "répressif", s'appuyant notamment sur l'avis très critique émis par la Défenseure des droits Claire Hédon.

"Créer une incitation" pour instaurer des aires

Le texte sera débattu dans l'hémicycle le jeudi 3 avril, dans le cadre de la journée réservée aux initiatives parlementaires du groupe Horizons.

En France, la loi prévoit que les communes de plus de 5.000 habitants disposent d'espaces d'accueil pour les gens du voyage. Mais seuls 26 départements en France ont totalement rempli leurs obligations, selon les chiffres cités par Xavier Albertini. Des outils légaux sont mis à disposition des communes qui respectent la loi.

La proposition de loi défendue entend durcir ces outils afin de "créer une incitation" pour les communes en France à instaurer ces aires.

Elle prévoit de doubler le montant de l'amende (de 500 à 1.000 euros) prévue en cas d'installation sur un terrain sans présentation d'un titre, et la saisie, de manière systématique, des véhicules, à l'exception de ceux constituant les habitations. Des dispositions permettent aussi de faciliter les procédures "d'évacuation" en renforçant les pouvoirs des préfets.

"Surveiller, punir, expulser, voilà votre seule ambition", a dénoncé le député écologiste Charles Fournier.

"Vous allez sanctionner (les gens du voyage) alors que ce sont ceux qui n'organisent pas l'accueil depuis des années qui devraient être sanctionnés", a-t-il ajouté.

Tour à tour, les députés de gauche ont dénoncé "les conditions indignes" de certaines aires souvent "surpeuplées" ou "polluées".

"Vous trouvez que c'est accueillant d'être à côté d'une usine Seveso, une déchetterie, une cimenterie ou une autoroute?", a interrogé la députée insoumise Ersilia Soudais. Les échanges se sont particulièrement tendus après que l'élue insoumise a dénoncé un texte "raciste".

"La vérité, c'est que pour vous débarrasser d'une partie de la population que vous voyez comme des parasites, vous êtes prêts à les faire disparaître de la circulation en les plaçant derrière les barreaux. Et c'est quoi la prochaine étape? Les exterminer comme pendant la Seconde guerre mondiale?", a-t-elle déclaré.

"Les propos de madame Soudais sont inacceptables (...) ils sont graves et violents", a réagi la vice-présidente de l'Assemblée Naïma Moutchou.

M. H. avec AFP