Quand le général de Gaulle supprimait le jour férié du 8-Mai

Le 8-Mai va-t-il bientôt ne plus être un jour férié? Ce mardi 15 juillet, François Bayrou a présenté ses orientations budgétaires pour 2026 et a notamment proposé la suppression de deux jours fériés, citant par "exemple" le lundi de Pâques et le 8-Mai. Une proposition qui a suscité l'ire des oppositions à gauche et à l'extrême droite.
Le 8-Mai n'a toutefois pas toujours été une journée fériée depuis 1945. Il vise à célébrer la fin de la Seconde Guerre mondiale. C'est le 7 mai 1945 qu'est signée, à Reims, la reddition de l'armée allemande. Le lendemain, le 8, les combats sont appelés à cesser à 23h01. Ce jour-là, un nouvel acte de capitulation est signé à Berlin en présence des représentants de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), des États-Unis, du Royaume-Uni et de la France.
Si cette date est considérée comme marquant la fin du conflit, il faut noter que celui-ci ne se termine réellement que le 2 septembre 1945 lors de la capitulation japonaise, peu de temps après les bombardements atomiques américains sur Hiroshima et Nagasaki.
Suppression en 1959 par le général de Gaulle
Dès 1946, il est décidé, en France, que la date de commémoration de la Victoire soit fixée au 8 mai si ce jour est un dimanche. "Dans le cas contraire, cette commémoration est prévue le premier dimanche qui suit cette date", explique le site de vie-publique.
Son instauration "a provoqué le plus de débats et donné naissance au plus grand nombre de textes réglementaires ou législatifs", a rappelé l'historienne Jacqueline Lalouette dans un texte pour la Fondation Jean Jaurès. Qui mentionne les "considérations relatives à l'histoire de Vichy, de la Résistance et de la Libération, et la concurrence des mémoires gaulliste et communiste quant à cette période de l'histoire de France".
Et déjà de "traditionnels arguments économiques", imposant qu'elle se tienne un dimanche selon cette loi de 1946, car "la France devait se reconstruire et un jour férié supplémentaire paraissait particulièrement inopportun", rappelle l'historienne.
C'est en 1953 que le 8 mai devient finalement un jour férié mais cela sera de courte durée. En 1959, juste après le retour au pouvoir du général de Gaulle, un décret le supprime, dans un contexte de réconciliation franco-allemande et une "volonté d'unité européenne", rappelle le site du gouvernement. Une commémoration est maintenue chaque deuxième dimanche du mois de mai.
Par la suite, un texte de 1968 prévoit de commémorer cette date anniversaire chaque 8 mai mais seulement en fin de journée, le reste de la journée restant travaillée.
En 1975, le 8 mai est abandonné par Valéry Giscard d'Estaing au profit du 9 mai, jour de l'Europe marqué par le discours de Robert Schuman sur la construction européenne, toujours dans une optique d'apaisement de la mémoire.
Le jour férié réinstauré en 1981
Il faudra attendre 1981 pour que François Mitterand sacralise cette date dans le Code du travail.
Bien avant l'annonce de François Bayrou, la signification de ce jour férié a évolué, notamment lorsque Nicolas Sarkozy transforme, en 2012, le 11-Novembre en commémoration de "tous les morts pour la France" dans tous les conflits, Seconde Guerre mondiale comprise.
On continue toutefois à organiser de nombreuses commémorations à chaque 8 mai. "Cependant, partout dans le pays les affluences tendent à diminuer pour ne laisser subsister que les officiels, les associations et les enfants des écoles, alors que les derniers témoins disparaissent les uns après les autres", écrit Rémi Dalisson, professeur des universités à Rouen sur le site vie-publique.
"Mais le 8 mai, c'est aussi l'occasion de se rappeler que la paix est fragile et qu'il est de notre devoir de la préserver (...). Le 8 mai est bien plus qu'un simple jour férié. C'est un symbole de résistance, de courage et d'espoir. En nous remémorant les événements de cette journée, nous nous engageons à préserver la paix", peut-on ainsi lire sur le site du ministère des Armées.