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Société

Quand des patrons de VTC font du lobbying auprès de parlementaires

Une manifestation de chauffeurs de VTC le 11 février 2016 porte Maillot, à Paris

Une manifestation de chauffeurs de VTC le 11 février 2016 porte Maillot, à Paris - Matthieu Alexandre - AFP

Cinq patrons de sociétés de VTC ont invité fin juin à déjeuner, dans un luxueux restaurant parisien, plusieurs parlementaires, rapporte Rue 89. Les élus se défendent d'avoir cédé aux appels du lobbying.

Opération séduction. Fin juin, cinq patrons de sociétés de VTC ont invités à déjeuner une poignée de parlementaires dans un restaurant huppé de la capitale. Au total, les PDG de SnapCar, AlloCab, Chauffeur-Privé, MarcelCab et LeCab ont retrouvé dans un restaurant gastronomique proche de l'Elysée quatre députés, un sénateur, et un membre de cabinet ministériel, révèle le site d'informations Rue 89.

Une proposition de loi dans le viseur

Sur la table, la nouvelle proposition de loi sur les transports publics du député socialiste de la Côte d'Or, Laurent Grandguillaume, examinée mardi en commission à l'Assemblée nationale et approuvée. Dans le sillage de la loi Thévenoud de 2014, le texte se veut une réponse aux mouvement sociaux du début de l'année. Il prévoit notamment d'interdire aux plateformes d'imposer des clauses d'exclusivité à leurs chauffeurs indépendants ou des quotas de courses minimum. Le texte sera débattu en séance le 19 juillet.

Surtout, il mettrait fin au "détournement juridique" du statut de Loti, "aujourd'hui utilisé pour exercer une activité similaire à celle des VTC en toute illégalité", selon Laurent Grandguillaume. Les plateformes de VTC ont en effet recours à ces Loti, qui étaient au départ cantonnés au transport en groupe, mais dont la formation est moins exigeante et moins chère.

"Cela ne veut pas dire que je leur mange dans la main"

Les parlementaires se sont défendus auprès du pure player d'avoir cédé aux appels du lobbying.

"Je suis allé écouter ce qu'ils avaient à dire, cela ne veut pas dire que je leur mange dans la main, s'est justifié Christophe Caresche, député socialiste de Paris, qui a accepté l'invitation. D'ailleurs, si vous voulez parler des différents lobbyings en cours, évoquez aussi celui des dirigeants de la G7 qui m'ont également invité à un dîner."

"On nous reproche d'être isolé dans nos beaux palais"

Même réponse pour le député PS des Côtes d'Armor, Michel Lesage. "Je ne vois pas de quel lobbying vous voulez parler. Quand les agriculteurs nous empêchent de rentrer dans nos permanences personne n'en parle."

Du côté du sénateur LR de l'Hérault, François Commeinhes, un de ses collaborateurs a évoqué pour Rue 89 l'importance de ne pas perdre le contact avec le monde réel.

"On nous reproche d'être isolé dans nos beaux palais du Sénat et de ne pas nous confronter à la réalité des entreprises et le jour où on le fait, on nous le reproche encore !"

C.H.A.