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Pyrénées-Atlantiques: un collège collecte l'urine de ses 400 élèves pour la transformer en engrais naturel

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Le groupe scolaire Saint-Vincent, à Hendaye, a installé des toilettes sèches pour à la fois réaliser des économies substantielles d'eau et valoriser l'urine en la transformant en fertilisant agricole.

Depuis plusieurs mois, les 400 élèves du groupe scolaire Saint-Vincent d'Hendaye (Pyrénées-Atlantiques) ne tirent plus la chasse d'eau. La direction de l'établissement a fait le choix d'installer des toilettes sèches non seulement pour économiser de l'eau mais aussi pour collecter l'urine, qui est ensuite utilisée comme fertilisant agricole.

"Ça permet de ne pas surcharger les stations d'épuration et ça permettra de remplacer l'engrais azoté de synthèse qui est utilisé dans l'agriculture aujourd'hui. On est gagnant pratiquement sur toute la ligne", s'enthousiasme au micro de BFMTV Philippe Bancon, directeur du groupe scolaire Saint-Vincent. L'établissement estime qu'il pourrait économiser jusqu'à 500 m3 d'eau chaque année, soit 75% de sa consommation.

D'abord collectée dans une cuve située dans l'arrière-cour du collège, l'urine est ensuite stockée "pendant une vingtaine de jours pour la faire maturer", explique Cyril Couriol, directeur des services techniques de la ville d'Hendaye.

Une fois tranformée en lisain, elle peut être utilisée comme fertilisant agricole naturel qui est appliqué "soit sur des plantes vivaces, soit sur des arbres". Pour le moment, le recours à cette urine est expérimenté dans une serre de la ville d'Hendaye, qui devrait l'utiliser pour ses arbres et ses massifs de fleurs. Mais l'objectif est qu'elle soit aussi adoptée par des agriculteurs de la région.

Une pratique "qui revient au goût du jour"

Loin d'être une innovation, l'utilisation de l'urine comme engrais est en réalité "une pratique vernaculaire qui revient au goût du jour", explique à France 3 Nouvelle-Aquitaine Florent Brun, doctorant au sein du programme de recherches Ocapi à l'école nationale des Ponts et chaussées.

"Quand nous consommons des fruits et des légumes, ou bien de la viande, notre système digestif ne va pas retenir l'azote, le phosphore et le potassium qui sont pourtant très riches et intéressants", poursuit le chercheur. "Ces atomes se rendent dans nos urines."

Quant aux élèves de Saint-Vincent, ils se sont plus ou moins adaptés à l'installation de ces toilettes sèches. "J'ai été un peu surprise quand on nous a expliqué le concept", reconnaît l'une d'elles, interrogée par BFMTV. "On a toutes essayé au fur et à mesure, on avait des ressentis différents. Personnellement, j'ai eu aucun problème."

Vincent Hénin et Guillaume Barki avec Vincent Gautier