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Paris Île-de-France

Châtillon: une association récolte l'urine de ses adhérents pour produire de l'engrais agricole

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Pour l'association des "Radis Actifs" qui mène l'initiative, cet "or jaune" est un fertilisant très efficace, même s'il n'est pas adapté à toutes les cultures.

À Chatillon (Haut-de-Seine), l'association les Radis Actifs propose à ses adhérents de récupérer leur urine pour le transformer en engrais. L'initiative a été inaugurée ce mercredi 18 septembre.

Membre du réseau des associations pour le maintien d'une agriculture paysanne (Amap), les Radis Actifs ont créé le premier point d'apport volontaire d'urine de France. L'association propose à ses adhérents de venir la recycler pour ensuite transmettre des stocks à des agriculteurs du réseau.

"C'était du bon sens"

Bénévole au sein du projet, Nicolas est venu déposer son bidon rempli de 5 litres. Il le verse ensuite dans un collecteur automatique de 300 litres, qui, à l'aide d'une pompe, va transvaser le contenu dans le réservoir. D'abord étonné, il a fini par se prendre au jeu.

"Le sujet m'était totalement inconnu. J'étai curieux, étonné. Et à force de pédagogie, on a compris que c'était du bon sens, que c'était utile et finalement pas compliqué."

Une fois récoltée, l'urine doit maturer trois à six mois avant d'être utilisée comme engrais agricole. À Chatillon, le stock est récupéré tous les mois par un agriculteur du Loiret. La démarche permettrait, selon OCAPI, le programme de recherche en charge du projet, de produire un fertilisant très efficace et totalement naturel.

"Pour visualiser ce que ça donne en termes de production agricole : si on collecte l'urine de l'ensemble des habitants de l'agglomération parisienne, et qu'on fertilise du blé, on aurait de quoi produire 25 millions de baguettes de pain chaque jour. Ce sont des quantités phénoménales", explique Fabien Esculier, chercheur et coordinateur du programme.

Un engrais réservé à certaines cultures

Cet "or jaune" n'est toutefois pas adapté à toutes les cultures. L'urine, détaille Simon Ronceray, paysan installé dans le Loiret, "ne va pas servir sur les cultures maraîchères" mais plutôt aux domaines agro-forestiers car l'utilisation de l'urine n'est pas encore autorisée dans le secteur de l'agriculture biologique. L'agriculteur reste pourtant très confiant quant au rôle de l'urine dans la transition écologique :

"On continue de croire que cette ressource est très importante au niveau agro-écologique. C'est la raison pour laquelle nous faisons tous ces efforts de recherche et de développement."

Tous les mercredis, l'association des "Radis Actifs" propose aussi des distributions de fruits et légumes de saison, organisées à proximité du réservoir d'urine.

Perla Msika