BFMTV
Société

Pour la Cnav, « 62 ans, ce n’est pas ça le problème »

Danièle Karniewicz, Présidente de la Cnav, invitée de Bourdin Direct ce mardi

Danièle Karniewicz, Présidente de la Cnav, invitée de Bourdin Direct ce mardi - -

Ce mardi, en pleine journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites, Danièle Karniewicz, Présidente de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav), était l’invitée de Bourdin Direct.

Danièle Karniewicz a expliqué au micro de Jean-Jacques Bourdin que le réel problème posé par cette réforme des retraites n’est pas l’allongement de l’âge légal de départ, qui est indispensable, mais bien le financement prévu, ainsi que le montant des pensions de retraite.

« Ce texte ne garantit pas l’équilibre financier »

« Il y a un problème majeur. Ce texte ne garantit pas l’équilibre financier. Il fait une partie du chemin. Dans le texte, on vous dit qu’en 2018, il faudra 42 milliards d’euros à peu près par an pour faire tourner le régime de retraite. L’âge va en produire à peu près la moitié et puis c’est tout. Il manque encore des financements importants. Il faut des financements supplémentaires. Alors il y a la dernière tranche de l’impôt sur le revenu qui va monter, il y a les prélèvements sur les plus-values, il y a des choses faites sur les allègements des charges pour les entreprises. On arrive à obtenir à peu près 7 milliards d’euros de plus mais c’est insuffisant. Il faut absolument parler de ça et trouver des financements. Ce n’est pas évident mais il faut le faire parce que dans un régime de retraite, si on ne fait pas les efforts en durée de cotisation, si on ne les fait pas en financement, on les fait par un autre levier dont personne ne parle qui est la baisse des retraites. C’est comme cela qu’on finance » a-t-elle déclaré, en guise d'avertissement.

« Aucune lisibilité dans le privé »

C’est le deuxième combat de la Cnav : garantir une lisibilité sur le montant des pensions de retraite. « On baisse le niveau des retraites quand il n’y a pas de garantie. Dans le système privé, il n’y a aucune garantie. Il faut une lisibilité et aujourd’hui, dans le privé, il n’y a aucune lisibilité. Si vous demandez à quelqu’un qui a 40 ans, qui a une petite carrière derrière lui, combien il aura à la retraite, il ne le sait pas. Dans la fonction publique, un taux est affiché. Pour les régimes spéciaux aussi. Dans le privé, les seuls à qui l’on dit vous aurez 85% de vos derniers salaires, ce sont les gens au Smic. Ce sont les seuls » s’inquiète Danièle Karniewicz, qui plaide pour la création de ce qu'elle appelle, par provocation, le « bouclier retraite ». « Il faut un seuil en dessous duquel on ne peut pas descendre pour la retraite, sinon notre régime de retraite change de modèle et ce n’est plus la même protection » explique-t-elle, ajoutant : « la plupart des personnes qui ont 45 ans ont vu leurs parents partir avec des niveaux de retraite corrects. C’est en train de se dégrader beaucoup aujourd’hui. Et à 45 ans, les gens n’imaginent pas que cela va baisser pour eux. Donc c’est indispensable. Cela fait partie de la démocratie de donner de la lisibilité là-dessus. »

« 62 ans : ce n’est pas ça le problème »

Enfin, la présidente de la Cnav a confié qu’elle ferait grève aujourd’hui et qu’elle serait présente dans la manifestation, « mais pas forcément pour les raisons qui sont affichées par tous les autres. » « Il n’y a pas assez de financement et le niveau des retraites baisse. C’est là-dessus qu’il faut se battre, clairement… Il est indispensable de travailler plus longtemps... Les thématiques qui sont aujourd’hui sur la table : les longues carrières, la pénibilité. Bien sûr que c’est important, mais je crois que l’enjeu du système des retraites est largement au-delà de tout ça et au-delà des 62 ans. Ce n’est pas ça le problème. Le problème est de savoir ce que l’on fait pour pérenniser notre système, pour que les gens qui ont 30 ou 40 ans aujourd’hui aient aussi un système de retraite qui les protège. »

Pour retrouver l'intégralité du podcast de l'interview de Danièle Karniewicz chez Jean-Jacques Bourdin, cliquez ici.

La Rédaction d'RMC