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Société

PMA pour les couples de femmes: le gouvernement recule une nouvelle fois

Laurence Rossignol à Matignon le 18 février 2016.

Laurence Rossignol à Matignon le 18 février 2016. - Kenzo Tribouillard - AFP

Comme l'a annoncé ce lundi Laurence Rossignol, le gouvernement va abroger une de ses propres circulaires sur la PMA, datant de 2013. Elle menaçait les gynécologues français de sanctions, s'ils orientaient leurs patientes lesbiennes ou célibataires vers une PMA à l'étranger.

Lorsqu'il faisait campagne pour l'élection présidentielle, François Hollande avait promis d'ouvrir la PMA (Procréation médicalement assistée) aux couples de lesbiennes, qui, comme les femmes célibataires, ne peuvent y avoir recours en France. Une promesse soutenue par une partie de son entourage et réitérée à différentes reprises, comme par Bruno Le Roux, l'un des fidèles du futur président.

Problème: le gouvernement n'a jamais tenu parole, avant même d'aller encore plus à l'encontre de cette promesse.

Après plusieurs reculades et l'abandon du projet, le gouvernement a au contraire émis une circulaire, datée du 14 janvier 2013, qui menaçait les gynécologues français de sanctions, dans le cas où ils orientaient leurs patientes lesbiennes ou célibataires vers une PMA à l'étranger. Les praticiens risquaient jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende s'ils conseillaient ces patientes, ou s'ils les accompagnaient dans le suivi de cette procédure. Ce lundi, Laurence Rossignol, la ministre des Familles, a annoncé que le gouvernement allait abroger cette circulaire. 

Danger médical pour les patientes

Après les promesses de François Hollande, le gouvernement fait donc un premier et tout petit geste envers l'ouverture de la PMA aux couples de femmes. François Hollande "a fait cette proposition à la demande des associations", a expliqué la ministre dans une interview à Public Sénat et Sud Radio.

Peu avant la Marche des fiertés, qui se tenait à Paris le 2 juillet, le président a en effet reçu plusieurs associations de défense des droits LGBT (Lesbiennes, Gay, Bi et Trans). Lors de cette rencontre, Virginie Combe, la vice-présidente de SOS Homophobie, avait souligné que la circulaire de 2013 avait conduit de nombreux gynécologues à refuser de suivre des patientes seules ou lesbiennes qui entament une démarche pour une PMA à l'étranger. Un refus qui, selon elle, a mis médicalement ces patientes en danger.

Ne plus "compliquer la vie" des couples lesbiens

"C'est une proposition qui est juste par ce qu'il n'y a aucune raison de compliquer la vie" des couples lesbiens, a déclaré Laurence Rossignol, qui n'a jamais caché son souhait, à titre personnel, d'autoriser la PMA aux couples de femmes et aux femmes célibataires. Un souhait qu'elle a réitéré ce lundi, "comme de nombreux membres du gouvernement", a-t-elle aussi précisé. 

"Le président de la République n'a fait que dire ce que nous pensons les uns et les autres, c'est qu'il n'y a aucune raison de discriminer les couples homosexuels, les couples lesbiens (...) en leur refusant l'accès à une technologie qui est ouverte aux couples hétérosexuels", a-t-elle expliqué.

Selon elle, l'ambition d'abord affichée par François Hollande d'ouvrir la PMA a été "freinée par la violence des réactionnaires et des conservateurs", qui s'est largement exprimée en marge des débats sur l'ouverture du mariage aux couples de même sexe.

L'hypocrisie du gouvernement pointée du doigt

Sur Twitter, l'annonce de Laurence Rossignol a fait réagir, principalement parce qu'elle est jugée hypocrite par beaucoup d'internautes. Militants, journalistes et politiques ont dénoncé cette main "molle" tendue par le gouvernement, qui revient à autoriser la PMA aux lesbiennes, mais seulement à l'étranger. 

En juillet 2015, le Haut conseil à l'Egalité entre les femmes et les hommes avait recommandé d'ouvrir la PMA "à toutes les femmes sans discrimination", soulignant au passage que la France est le seul pays européen à avoir légalisé le mariage des couples de même sexe tout en continuant d'interdire la PMA aux couples de lesbiennes.

Charlie Vandekerkhove