"Plus il y a de monde, plus il y a d'accidents": la saison estivale dans les Pyrénées marquée par une hausse des opérations de secours

Avec les épisodes de chaleur de plus en plus difficiles à supporter en plaine, les massifs attirent de plus en plus de randonneurs à la recherche d'un bol d'air frais. Cette fréquentation accrue se traduit aussi par des interventions en hausse des secours en montagne.
D'après les données communiquées par la préfecture des Hautes-Pyrénées, vendredi 5 septembre à France 3 Occitanie, les services de secours ont enregistré 10% d'activité en plus. La saison estivale dure encore quelques semaines mais à ce stade, 18 morts ont été recensés contre 14 l'année dernière. Gendarmes et CRS qui travaillent une semaine chacun, ont réalisé ensemble près de 402 interventions.
Cette tendance est observable dans le temps au plan national grâce aux données compilées par le Système national d'observation de la sécurité en montagne (SNOSM). Ce dispositif qui recense les accidents en montagne pour effectuer de la prévention relève une hausse pratiquement constante, depuis 2013, des interventions, tout au long de l'année.

Des mises en danger évitables
De toutes les activités en montagne, celle qui engendre le plus d'intervention n'est pas la plus extrême puisqu'il s'agit de la randonnée. Elle représente un peu plus de la moitié du total des opérations de secours en 2024, très loin devant l'alpinisme ou le VTT.
"La montagne séduit de plus en plus, la fréquentation s'accroît dans un endroit qui reste un environnement hostile, dangereux où l'on peut facilement se blesser ou se retrouver en détresse", résume le capitaine Thibaut Bucquet, commandant du peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Pierrefitte-Nestalas.
Cette année, à la belle saison qui démarre dès le mois de mai, les secours ont pu réaliser jusqu'à une quinzaine d'interventions lors des journées les plus chargées. "Vous allez avoir des randonneurs ou des traileurs qui se foulent une cheville, qui se font mal. Dans un autre endroit, ils pourraient se débrouiller mais en montagne, c'est tout de suite plus compliqué", poursuit le gendarme.
Intoxications avec de l'eau de ruisseaux et torrents
Cette année, la préfecture a tiré la sonnette d'alarme après une recrudescence des intoxications liées à la consommation d'eau. "Bien que l'eau de montagne puisse sembler claire, fraîche et pure, plusieurs dangers potentiels existent, pouvant entraîner des désagréments (nausées, diarrhées, vomissements) voire des conséquences graves pour la santé", précisaient les services de l'État dans un communiqué publié le 12 août dernier.
Pour le gendarme, de nombreux randonneurs négligent la contenance de leurs gourdes. Ils tentent alors de se désaltérer en prélevant de l'eau de torrents ou de ruisseau, faisant confiance aux filtres de leurs gourdes, certains tentent même des baignades. "Lorsque vous êtes à très haute altitude, le risque est limité mais quand vous vous trouvez au niveau des estives (pâturage de montagne exploité l'été), vous vous exposez à des microbes ou des déjections animales et vous pouvez tomber malade, faire des malaises", décrit-il.
Le capitaine Bucquet évoque également des problèmes d'équipements inadéquats qui peuvent mettre en danger la vie des randonneurs ou des alpinistes. Il pointe du doigt l'utilisation de chaînettes qui s'accrochent aux paires de chaussures et sont vendues dans le commerce. "Si vous marchez sur un névé (plaque de neige durcie), ces chaînes qui s'apparentent davantage à des élastiques peuvent se détacher. Il faut privilégier les crampons et les piolets".
Une carte et prévenir ses proches
De nombreuses interventions concernent également des personnes qui se perdent dans la montagne. "Ils pensent pouvoir utiliser des coordonnées GPS récupérés sur des applications ou se servir du réseau mais nous sommes un territoire où les zones blanches sont nombreuses, on peut aussi ne pas prendre conscience du dénivelé et on finit par ne plus se repérer", ajoute le gendarme qui conseille de se munir d'une carte IGN en version papier ou numérique de la zone que l'on souhaite explorer à l'échelle 1/25.000e.
En cas de détresse en montagne, contacter le 112. L'appel d'urgence par satellite proposé par certains fabricants de téléphone fonctionnent également.