Plus de 4000 séismes enregistrés chaque année en France métropolitaine

"Il y a un réel risque sismique en France, mais il est relatif", explique le sismologue Jérôme Vergne. - Plan Séisme
Un séisme de magnitude 3,7 sur l'échelle de Richter a été enregistré, dans la nuit de mardi à mercredi, à 20 km de Brest (Finistère). Ce mercredi matin, c'est un séisme d'une magnitude de 4,9 qui a été ressenti à proximité de Bordeaux (Gironde). Fin février, un séisme de magnitude 3 était enregistré dans les Côtes d'Armor, et un autre de 3,6 fin octobre en Ille-et-Vilaine. La France subit en fait tous les jours des séismes que les sismologues enregistrent, mais que les habitants ne ressentent pas toujours.
"Le RéNaSS [Réseau National de Surveillance sismique] localise plusieurs milliers de séismes par an en France métropolitaine et dans les zones frontalières", peut-on lire sur le site de l'institut qui en a décompté "environ 4500 en 2017".

"Il y a un réel risque sismique en France, mais il est relatif", explique Jérôme Vergne, sismologue du Bureau central sismologique français (BCSF), contacté par BFMTV.com. Les séismes de magnitude 5 sont enregistrés seulement "tous les 3 ou 4 ans", explique-t-il, et "un séisme de magnitude 3, c'est à peu près une fois par mois". Du 5 au 20 mars, le RéNaSS a par exemple enregistré plus de 200 séismes en France et aux frontières, la grande majorité enregistrés sous la magnitude 2.
Chaque année, environ 1500 séismes de magnitude supérieure à 2 sont recensés, mais en-dessous de la magnitude 3, ils ne sont pas ressentis. "A partir de 4, le séisme se ressent au niveau d'un département, à 5 au niveau d'une région", explique Jérôme Vergne.
Les séismes "sont des vibrations de l’écorce terrestre provoquées par des ondes sismiques qui rayonnent à partir d’une source d’énergie élastique créée par la rupture brutale des roches de la lithosphère [couche externe et rigide de la Terre, incluant la croûte terrestre]", explique le site gouvernemental Plan Séisme.
Le cas spécifique de l'Outre-mer
La France est divisée en zones sismiques classées de 1 (très faible) à 5 (forte). Les zones les plus à risques sont situées sur les chaînes montagneuses actuelles ou anciennes. Le niveau 4 n'est ainsi atteint que dans les Pyrénées et sur certaines zones des Alpes en France métropolitaine, le niveau 5 seulement en Outre-Mer, notamment en Martinique et en Guadeloupe.

"Aux Antilles, on peut atteindre les magnitudes 7 ou 8", déclare Jérôme Vergne. La magnitude de l'échelle de Richter se mesure jusqu'à plus de 9, niveau qui a des conséquences complètement dévastatrices. Ces îles françaises sont situées sur une zone de subduction, où s'observe une activité géologique importante, à l'origine de volcans et des tremblements de terre. "C'est ce genre de séismes qui peut entraîner des tsunamis", explique-t-il.
"Et l'île de Mayotte est actuellement en plein crise sismique", souligne le sismologue. Un phénomène de remontée de magma depuis mai 2018 a provoqué plusieurs tremblements de terre intenses sur l'île. "Ainsi, plus de 1600 séismes, localisés à 50 km à l’est de Mayotte, ont été enregistrés. Parmi eux, 29 événements de magnitude supérieure à 5 ont été largement ressentis par la population de l’archipel et ont, par endroits, affecté le bâti", écrivait le CNRS fin février.
Destructeur à partir de la magnitude 6
La situation sismique française peut être comparée à celle de la Suisse et de l'ouest de l'Allemagne, mais d'autres voisins européens subissent bien plus de tremblements de terre, d'une intensité plus forte. "L'Italie ou la Grèce ont un risque sismique nettement supérieur" à l'Hexagone, souligne Jérôme Vergne, avec des séismes de magnitude 6 fréquents, parfois à plusieurs reprises dans une année.
A partir de la magnitude 5,4, un séisme peut provoquer de "légers dommages aux bâtiments bien construits, mais peut causer des dommages majeurs à d'autres bâtisses", explique le laboratoire d'études mécanique sismique. De 6,1 à 6,9, il est véritablement dangereux, et "peut être destructeur dans une zone de 100 km à la ronde".
En France, un séisme de magnitude 6 survient "une fois par siècle". Dans l'Hexagone, le dernier de la sorte remonte à 1909 dans les Bouches-du-Rhône, avec une magnitude de 6,2.
"Le dernier enregistré à plus de 6, environ 6,5 voire 7, est survenu en 1356 à Bâle [frontière franco-suisse]", explique Jérôme Vergne.