Perpignan: la fille cachée d'un abbé récupère l'héritage de son père, disputé avec l'Église

Un prêtre - illustration. - Pixabay
Une controverse d'un demi-million d'euros. Début juillet, l'Église a renoncé "purement et simplement au legs dont le diocèse (de Perpignan) était bénéficiaire" après une bataille judiciaire sur fond d'abus de faiblesse. Le jour du décès de son père, Isabelle Ballesteros, fille cachée de l'abbé perpignanais Lucien Camps, apprend qu'elle hérite de tous ces biens, soit 450.000€.
"Je ne m'y attendais pas et je suis heureuse d'entendre enfin ce que j'ai toujours voulu, et que mon père m'avait toujours refusé de son vivant", confie-t-elle à France Bleu.
Toutefois, le même jour, la quarantenaire découvre que son père a rédigé six mois auparavant un second testament dans lequel il lègue finalement la moitié de son patrimoine à l'Église.
"Démence"
Pour Isabelle Ballesteros et son avocat, ce deuxième texte constitue un abus de faiblesse puisqu'il a été rédigé depuis une maison de retraite, alors que Lucien Camps était âgé de 86 ans et souffrait de la maladie d'Alzheimer. Un expert psychiatre lui a diagnostiqué un état de "démence" ne lui permettant pas l'élaboration d'un testament, rapporte Le Point.
S'engagent alors des procédures judiciaires. "Je me suis senti trahie par l'Église parce qu'en plus de m'avoir volé mon père au quotidien pendant mon enfance et d'avoir dû cacher notre vie de famille, il y a un sentiment de déception, de trahison et d'injustice, surtout", explique Isabelle Ballesteros.
"Ce n'est pas qu'une question d'argent, c'est une question de reconnaissance. Se sentir reconnu à 100% comme étant l'enfant et l'héritière de mon père".
"Me sentir enfin la fille de mon père"
Officiellement née "de père inconnu", selon l'état-civil, la mère de famille de 42 ans a appris l'existence de son père prêtre à l'âge de six ans et a dû vivre dans le secret toute sa vie. Les sorties au restaurant, au cinéma ou même les vacances se font loin du département, par peur d'être reconnus.
"Après avoir volé à cette enfant sa jeunesse et l'affection d'un père, on a voulu broyer la volonté de cet homme au motif qu'il appartient à l'Église (...). Et on s'est assis sur sa volonté de réparer sur le plan humain et juridique les souffrances endurées par sa fille pour des motifs mercantiles: récupérer l'argent du défunt", s'indigne son avocat auprès du Point.
Début juillet, le diocèse a choisi de renoncer à cet argent. "Aujourd'hui, je suis soulagée. Cela va me permettre de pouvoir me reconstruire et de me sentir enfin la fille de mon père, officiellement. C'est une manière de sortir du silence et de dire j'existe, c'est mon père, c'était un prêtre, et j'en suis fière", conclut Isabelle Ballesteros.