Pas de PMA pour les homosexuelles: "C'est de l'humiliation"

Des manifestants favorables à la PMA lors de la Gay Pride à Paris en 2013. - -
"C'est de la trahison!", s'insurge l'Inter-LGBT. La procréation médicalement assistée (PMA) ne verra pas le jour d'ici 2017, comme l'ont annoncé successivement Marisol Touraine, Manuel Valls puis Laurence Rossignol. La secrétaire d'Etat chargée de la Famille a en effet rappelé que la PMA "n'était pas à l'ordre du jour" inquant que "ce n'est pas la question qui préoccupe de façon majoritaire les Français".
Entre trahison et déception, l'émotion est partagée par plusieurs associations LGBT (Lesbiennes, gay bi et trans). "On avait déjà été déçus par les reculades du gouvernement Ayrault: recul sur l'intégration de la PMA à la loi sur le mariage pour tous, recule de nouveau pour la loi Famille puis disparition de cette loi", constate Yohann Roszéwitch, président de SOS Homophobie.
"Ce n'est plus de la déception, c'est de l'humiliation", raconte à BFMTV.com Marine Rome, du collectif lesbien Oui oui oui. Un avis partagé par Amandine Miguel de l'Inter-LGBT, collectif d'associations pour les droits homosexuels: "Ce qui est surprenant, c'est le contexte. Par Valls, depuis le Vatican… c'est à se demander jusqu'où va aller le gouvernement pour séduire les réactionnaires."
"Contenter la minorité bruyante"
Au sortir d'une réunion avec la ministre déléguée à la Famille, les responsables de la "Manif pour tous" se sont dit "soulagés" mais "vigilants". Pour le coordinateur général du mouvement "c'est la première fois que nous ressentons cette recherche et volonté de dialogue" de la part du gouvernement.
"Clairement, on voit qu'ils veulent contenter la minorité bruyante, avance le président de SOS Homophobie à BFMTV.com. La Manif pour tous n'a pas gagné. Le gouvernement a tenu sur le mariage pour tous et l'adoption alors pourquoi ne pas aller jusqu'au bout et autoriser la PMA pour les homosexuelles? C'est une question d'égalité entre hétéros et homos." Constatant que le nombre d'actes homophobes est en très forte hausse depuis le débat sur le mariage pour tous, il ajoute: "L'homophobie ordinaire, celle que l'on constate au quotidien est due à la libéralisation de la parole homophobe."
"De l'homophobie d'Etat"
"C'est de la lesbophobie d'Etat. On nous dit que l'on est des sous-citoyennes", explique Oui oui oui. "Cette homophobie d'Etat légitime ensuite l'homophobie ordinaire, du quotidien. Si la loi discrimine, pourquoi ne pas le faire nous aussi?" ajoute-même Yohann Roszéwitch.
Ces associations dénoncent toutes un retard français sur la PMA. "Il s'agit juste de s'aligner sur les autres pays, alors pourquoi nous diaboliser?" demande Amandine Miguel, porte-parole de l'Inter LGBT sur la visibilité lesbienne. Rappelant une situation existante, le collectif Oui oui oui ironise: "On ne va pas toutes demander l'asile en Belgique".
"Le PS n'est pas le bienvenu à la Marche des fiertés"
Valls a affirmé qu'il n'y aurait pas de légalisation de la PMA pour les couples lesbiens d'ici 2017, pour autant, l'Inter-LGBT rappelle Hollande à sa promesse et "appelle à la raison des parlementaires, qu'ils arrêtent d'être guidés par des discours réactionnaires".
Le collectif Oui-Oui-oui va plus loin encore: "Nous espérons que le PS ne sera pas à la Marche des fiertés car ils ne sont pas les bienvenus. Le PS n'est plus un parti progressiste." L'organisateur de la marche des fiertés, l'Inter LGBT, affirme à BFMTV.com que cette décision n'a pas encore été prise. Avec le report sine die de la PMA, le Parti socialiste se coupe-t-il d'une partie de son électorat? D'autres questions de sociétés arrivent dans l'agenda parlementaire comme le statut du beau-parent qui sera débattu en séance publique à l'Assemblée le 19 mai prochain.