Page Facebook antiradars: un jugement inédit attendu ce mercredi

Une quinzaine de personnes, jugées en septembre à Rodez pour avoir ouvert une page Facebook signalant la position des radars et contrôles de police, vont être fixées sur leur sort ce mercredi. - Philippe Huguen - AFP
Avertir du lieu d’un radar ou d’un contrôle de police sur Facebook peut-il être puni par la loi? Le tribunal correctionnel de Rodez va répondre à cette question, ce mercredi, en rendant un jugement inédit. Dans ce procès, qui s’est déroulé le 9 septembre dernier, 15 personnes sont entendues pour s'être "soustraites à la constatation des infractions routières", selon les termes retenus par la justice.
Il leur est reproché d’avoir alimenté un groupe Facebook, créé en 2012 et assurant ne "nuire en aucun cas aux forces de l'ordre", dans lequel plusieurs automobilistes de l’Aveyron s’échangeaient des informations liées à la circulation. Contrôles radars, tests d’alcoolémie et avertissements en cas de bouchons, près de 10.000 membres avaient rejoint cette page du réseau social.
Des suspensions de permis requises
Au terme de l’audience, qui s’est déroulée le 9 septembre dernier, le procureur de la République de Rodez, Yves Delpérié, avait requis des suspensions de permis de conduire allant de 15 jours à quatre mois pour les prévenus. Mais le jugement avait été mis en délibéré à ce mercredi.
"Je suis réveillé toutes les nuits, car des gens se tuent sur la route. C'est lamentable que certains préviennent de l'installation des radars", s’était insurgé ce procureur avant la tenue du procès. Les prévenus "auraient cherché à échapper à la loi", avait-il accusé, plus tard, lors de l’audience devant le tribunal correctionnel.
Spécialiste du droit automobile, l’avocat Me Rémy Josseaume, chargé de défendre neuf des quinze prévenus, avait demandé de son côté la relaxe pour ses clients. Pour ce faire, il s’est appuyé sur une décision du Conseil d'Etat qui, le 6 mars 2013, avait autorisé les "solutions d'aide à la conduite". Ce à quoi s'apparente le groupe de Facebook, selon Me Josseaume.
Des routes particulièrement meurtrières dans l'Aveyron
Reste que dans le cas particulier de l’Aveyron, le nombre de tués dans le département a bondi de 126% en 2013 (34 contre 15 en 2012), alors que l'ensemble de la France a connu une baisse de plus de 10%. Un constat noir, qui pourrait être pris en compte par le juge du tribunal correctionnel de Rodez. Réponse ce mercredi.