Orthographe: les femmes et les personnes âgées sur la première marche du podium

Des élèves de CM2 écrivent une dictée en juin 2007 sous le préau de l'école primaire du Puits Picard, à Caen (photo d'illustration) - Michèle Daniau-AFP
Les femmes et les grands-parents sont les as de l'orthographe. Le projet Voltaire, service en ligne de remise à niveau en français, a dévoilé ce mardi son quatrième baromètre annuel sur le niveau des Français quant à leur maîtrise des règles de la langue de Molière.
Les femmes meilleures
Plus de 8700 utilisateurs de la plateforme ont été évalués au mois de mars dernier sur 84 règles de base de grammaire et de conjugaison. Et en matière d'orthographe, le féminin l'emporte. Une constance depuis la première édition du baromètre. Ces dames maîtrisent 50,3% des règles contre 46,4% pour ces messieurs. De bons résultats qui ont plusieurs explications.
"Elles lisent beaucoup plus que les hommes et ont, historiquement, davantage été orientées vers les filières littéraires alors que les garçons, eux, étaient envoyés dans les filières scientifiques", explique dans Le Parisien Pascal Hostachy, responsable du projet Voltaire.
Orthographe et télévision ne font pas bon ménage
Ainsi, les personnes qui lisent plus de cinq livres par an sont bien plus habiles en subjonctifs ou verbes pronominaux (+7 points) que celles qui ne bouquinent pas. D'ailleurs, si ces dernières préfèrent passer plus de trois heures par jour devant le petit écran, elles auront de grandes chances de faire plus de fautes que les autres.
"Regarder la télévision moins d'une heure par jour, c'est maîtriser en moyenne 5% de règles d'orthographe en plus", assure le projet Voltaire.
Dévorer les matchs du Mondial de football n'est en moyenne pas bon signe pour l'adresse à faire bon usage de la langue de Molière. Les champions en orthographe ne se soucient guère des tribulations du ballon rond.
Langues anciennes et musique
Autre conclusion du baromètre: plus on est vieux, meilleur on est en vocabulaire et en accords du participe passé. Ainsi, les grands-parents maîtrisent en moyenne 20% de règles d'orthographe de plus que leurs petits-enfants. "Plus on a été exposé à la langue française, moins on fait de fautes", poursuit Pascal Hostachy.
La plateforme note trois autres caractéristiques de ces champions des règles du français. Ceux et celles qui ont étudié des langues anciennes, comme le grec et le latin, qui parlent couramment une langue étrangère et jouent d'un instrument de musique gagnent respectivement 8,1 puis 4,5 et 1,7 points de plus que les autres.
"Les leçons de musique structurées améliorent considérablement les capacités cognitives des enfants, notamment l'intelligence verbale et la mémoire à court terme, ce qui aurait des retombées positives sur leurs résultats scolaires", indique le baromètre.
"À l'attention de" ou "à l'intention de"?
Plus surprenant, les égarés de la route dépourvus de sens de l'orientation n'ont pas tout perdu: ils sont meilleurs en orthographe de 3,7 points que ceux et celles qui ont une boussole dans la tête. Tout cela s'expliquerait par le fonctionnement de notre cerveau.
"Ceux qui ont le sens de l'orientation mémorisent des repères visuels ou sensoriels sur leur trajet. Les autres suivent un itinéraire mécaniquement (tourner à droite, deux fois à gauche, etc.). Les personnes qui n'ont pas le sens de l'orientation se sentent plus à l'aise dans un univers stable avec des repères bien établis. Les règles de grammaire forment un univers stable", analyse le projet Voltaire.
Pour vous faire une idée de votre niveau, écrivez-vous "à l'attention de" ou "à l'intention de"? Vous "dites" ou vous "dîtes"? Faut-il écrire "les fraises que j'ai mangé" ou "les fraises que j'ai mangées"? Pour les réponses, c'est par ici.