"On est des pestiférés": confiné à cause du coronavirus, un habitant de La-Balme-de-Sillingy témoigne

Dans le village de Haute-Savoie de La Balme-de-Sillingy, l'un des neuf foyers épidémiques du coronavirus, le poids de l'isolement se fait sentir chez les habitants. Les commerçants s'alarment aussi d'une baisse de leur chiffre d'affaires. L'édile de la commune, également contaminé, demande à ses administrés de "prendre son mal en patience".
"On se sent vraiment tout seul"
La ville haut-savoyarde de 5000 habitants est confinée depuis plus d'une semaine, alors qu'une soixantaine de ses habitants ont été testés positifs au coronavirus. Pour éviter davantage la propagation du virus, les crèches, écoles et collège ont été fermés. Les Balméens ont également interdiction de se rendre dans les lycées et établissements de l'enseignement supérieur de la région, au moins jusqu'au 14 mars. Valentin, 20 ans, est étudiant mais ne peut se rendre dans son université:
"J'ai un stage de fin d'année à faire, d'ici trois semaines, ma convention est prête à l'école mais j'ai pas le droit d'aller la chercher... Juste aller chercher un papier deux minutes c'est interdit", soupire-t-il au micro de BFMTV.
Son père, Jean-Yves Anthoine-Milhomme, va plus loin et dénonce une situation où les habitants de la commune sont vus comme des "pestiférés". Il explique avoir une coupure d'Internet mais qu'aucun ouvrier ne veut intervenir à son domicile:
'"Les gens ne veulent pas intervenir à La Balme. Ils veulent des masques et du gel hydroalcoolique pour rentrer dans La Balme mais pas pour venir chez moi. On est des parias, des pestiférés. On se sent vraiment tout seul", proteste le père de famille.
Une perte de 40 à 60% de chiffre d'affaires
Toutes les activités sportives, les réunions et les activités associatives ont été annulées par la mairie. L'économie locale aussi tourne au ralenti, avec une perte de 40 à 60% de chiffre d'affaires:
"Dimanche matin, c'est presque la plus grosse matinée de la semaine, avec environ 300 clients", explique un buraliste. "Le premier dimanche [de confinement], il y a une dizaine de jours, j'ai fait 113 clients. Et dimanche dernier, 131", décompte-t-il.
Pour palier ce manque, Laurent Wauquiez a annoncé un plan d'urgence mardi, avec une aide régionale de 10.000 euros aux artisans et commerçants et professions libérales impactés.
Une dizaine d'habitants en voie de guérison
Le maire Divers Droite de La Balme-de-Sillingy François Daviet nous indique que parmi la soixantaine d'habitants contaminés, "une bonne dizaine sont en voie de guérison. Quelques-uns sont sortis d'affaire et ont eu un test négatif."
Egalement contaminé, l'édile attend lui de passer un test qui confirmera, ou non: "C'est plus pénible qu'une grippe classique. Il y a eu quatre jours difficiles... Là, la fièvre est tombée et les fébrilités s'estompent." Il invite les Français à "ne pas prendre de risque":
"Ça ne sert à rien de prendre des risques sachant comment le virus s'est développé dans ma commune. J'invite à être prudent et à prendre son mal en patience. Et à penser à ceux autour de nous qui sont plus faibles."