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Société

Nuit de la solidarité: Paris va recenser ses sans-abri

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La Ville de Paris organise jeudi soir la Nuit de la Solidarité durant laquelle des bénévoles vont recenser anonymement les sans-abri de la capitale. Ce dénombrement doit permettre de mieux répartir ses dispositifs d'aide mais la municipalité est sous le feu des critiques, accusée par l'opposition de mener "une opération de communication".

Combien de personnes dorment à la rue à Paris? La mairie de Paris cherche à le savoir précisément en organisant jeudi la "Nuit de la solidarité", une grande opération de recensement des sans-abri.

Après un appel aux bénévoles, 1.700 Parisiens ont répondu présent et participeront à cette opération. Répartis en groupes de 2 ou 3 et encadrés d'un professionnel de l'action social, ils parcourront jeudi soir les rues de la capitale, quadrillée en 350 quartiers, afin de compter les sans-abri. A chaque rencontre, ils leur proposeront de remplir un questionnaire anonyme afin de connaître un peu mieux leur situation, leur âge etc. Ces opérations auront aussi lieu dans les stations de métro et les gares SNCF.

Les bénévoles mobilisés entre 22h et 1h du matin auront au préalable reçu une petite formation et signé une charte "d'engagement éthique". Ils s'engagent notamment à respecter le sommeil des personnes rencontrées ou encore à garantir leur anonymat et la confidentialité des données recueillies. 

Polémique sur les chiffres

Ces derniers jours, la question du nombre de personnes à la rue fait l'objet d'une polémique jusqu'au gouvernement, alors qu'Emmanuel Macron s'était engagé l'été dernier à ne voir "plus personne dans les rues" d'ici fin 2017.

Dimanche, Julien Denormandie le secrétaire d'Etat auprès de la cohésion des territoires s'est défendu de vouloir "minimiser les chiffres" des personnes à la rue, quelques jours après avoir affirmé qu'une "cinquantaine d'hommes isolés" seulement étaient à la rue en Ile-de-France.

"Peut-être que je n'ai pas été assez clair, le chiffre des 50 était le nombre de personnes ayant appelé le 115 et non prises en charge cette nuit-là", a-t-il reprécisé. 

Mieux cerner les difficultés par quartiers

Avec la Nuit de la solidarité, une opération inspirée par d'autres grandes villes, la mairie de Paris espère trancher la question et approfondir les enquêtes déjà réalisées dans les rues de Paris.

"A la fin de la nuit, on fera une compilation de tout cela. On saura combien il y a de personnes, quels sont les quartiers où il y a le plus de personnes. A partir de là, nous pourrons voir si nos dispositifs sont adaptés ou si il faut qu'on progresse et qu'on améliore encore le dispositif d'aide aux sans-abri", détaille Dominique Versini, adjointe à la mairie de Paris en charge de la solidarité. 

Cette grande placée sous le signe de la solidarité suscite malgré tout la controverse dans le camp de l'opposition. Les élus du groupe Les Républicains et Indépendants au Conseil de Paris ont déploré lundi dans un communiqué une "Nuit sans lendemain", "montée dans la précipitation, sans en avoir préalablement informé les maires d'arrondissements".

Un "coup de com'"? 

S'ils acceptent "par esprit d'humanité" de faire en sorte que la Nuit de la solidarité "se déroule dans de bonnes conditions", ils s'interrogent sur l'utilité de l'opération. "En affichant sa volonté de connaître précisément le nombre de personnes à la rue, elle prétend se substituer aux maraudes et coordinations des maraudes, dont c'est le travail quotidien", poursuivent-ils.

La députée de Paris Anne-Christine Lang (LaREM) estime de son côté que la Nuit de la solidarité est un "coup de com'" de la mairie de Paris. "Ca sert à quoi sinon à faire une belle opération de communication devant les caméras pour mettre l'Etat en accusation?", s'agace-t-elle. 

Dans Le Parisien, Bruno Julliard, le premier adjoint d'Anne Hidalgo se défend de vouloir "accuser l'Etat" et revendique la volonté d'avoir "une meilleure photographie de la situation actuelle" pour améliorer le sort des sans-abri 'qu'ils soient migrants ou pas, et les sortir de leur situation".

Carole Blanchard