Noyades: à quel âge peut-on apprendre à son enfant à nager?

Des bénévoles apprennent à nager à de jeunes enfants aux Etats-Unis (photo d'illustration) - Flickr - CC Commons - The Logan Rutledge Children's Foundation - Ryan Johnson
Un drame souvent évitable. Les noyades sont à l'origine d'environ 1000 décès par an, selon le ministère de la Santé publique, qui lance une grande campagne de prévention contre les risques de noyade à l'approche de l'été, une période particulièrement critique sur ce plan, avec un clip diffusé à partir de ce lundi. Parmi les victimes, de trop nombreux enfants. Quels sont donc les conseils à suivre pour leur apprendre à nager?
Un âge variable selon les enfants
Si certains enfants barbotent sans difficultés dès l'âge de trois ans, c'est loin d'être le plus courant. Pour le secrétaire général de la Fédération des maîtres-nageurs sauveteurs (FMNS) Jean-Michel Lapoux, pas la peine de se précipiter pour apprendre à son enfant à maîtriser la brasse dès l'entrée en maternelle.
Il estime que "le meilleur âge pour apprendre à nager se situe entre 6 et 8 ans", même s'il est possible de commencer plus tôt.
Le maître-nageur explique à BFMTV.com qu'avant 5 ans, "l'élève n'arrive pas dans la plupart des cas à maîtriser la synchronisation bras et jambe" et "supporte très mal la température de la piscine pendant une heure".
Savoir "se coordonner" et avoir une "volonté d'apprendre"
Pour Axel Lamotte, maître-nageur et responsable de la communication de la Fédération nationale des maîtres-nageurs sauveteurs (FFMNS), il n'existe pas d'âge idéal pour débuter son apprentissage.
Selon lui, il varie en fonction des enfants et de leur "maturité psychologique et cognitive", dit-il à BFMTV.com. Lorsqu'ils s'aventurent dans l'eau pour la première fois, "certains enfants boivent la tasse et ne sont pas contents", alors que d’autres "à trois ans apprennent très bien", souligne le maître-nageur.
Il rappelle que "dans la plupart des pays de l’OCDE, les enfants entrent à l’école à partir de 4 ou 5 ans et font un test" pour évaluer s'ils sont prêts ou non pour commencer leur apprentissage, un test primordial pour évaluer l'enfant. Ce qui compte pour lui, c'est que l'enfant sache se "coordonner" et qu'il ait une "volonté d'apprendre".
Privilégier les maîtres-nageurs
Lorsqu'un enfant montre une véritable curiosité pour l'eau, Axel Lamotte recommande aux parents de faire plutôt appel à un maître-nageur pour apprendre les premiers gestes à son enfant.
"C'est toujours mieux avec un professionnel, ils ont l'expérience et savent comment s'adresser à un enfant", estime-t-il.
Il précise que faire appel à un expert peut s'avérer particulièrement utile pour les enfants peu enclins à l'apprentissage. "Ça permet de couper le cordon" et d'évacuer la charge affective qu'implique un cours donné par ses propres parents, parfois eux-mêmes très inquiets, indique-t-il.
Montrer à son enfant qu'on "est à l'aise dans l'eau"
Les parents peuvent cependant en amont aider un enfant à se familiariser au milieu aquatique. "Il est important que l'enfant se sente bien dans l'eau" pour que l'apprentissage se passe bien, souligne Axel Lamotte.
Si l'enfant se montre craintif, le maître-nageur recommande de le "mettre en situation de lui donner envie d'être dans l'eau", notamment en attendant la période d'été et la chaleur associée.
"Il faut montrer qu'on est à l'aise dans l'eau" pour qu'il ait envie d'agir par mimétisme et ne perçoive pas l'eau comme un milieu forcément hostile, tout en ayant toujours conscience de ses dangers.
Des exercices sont également possibles. "On peut nager avec lui, danser dans l'eau, lui faire mettre tout seul la tête sous l'eau un moment", énumère Jean-Michel Lapoux, tout en soulignant qu'il faut toujours "prendre le temps" et équiper l'enfant de flotteurs. "Il n'existe pas de méthode absolue", avance Axel Lamotte, "l'essentiel est l'envie".
Ne jamais "forcer"
Attention de ne pas retarder trop l'apprentissage de la nage, souligne le secrétaire général de la FMNS.
"L’aisance aquatique doit s’acquérir en même temps que d’apprendre à nager, sinon l’enfant sera tenté de recommencer ces exercices au grand bain sans maître-nageur sauveteur et risquera de se noyer", met-il en garde. De quoi créer un traumatisme et bloquer encore plus l'apprentissage.
Dans tous les cas, Axel Lamotte souligne qu'il ne faut pas "forcer" un enfant à s'aventurer dans une piscine ou en eau libre. "La brutalité physique et psychologique est interdite", martèle-t-il.
"C'est contre-productif. Prendre un gamin et le jeter à l'eau n'a jamais fait de grands nageurs", lâche-t-il.
Et les bébés-nageurs?
Pour les parents tentés par les cours dits de "bébés-nageurs", les deux experts se montrent circonspects. "Le rapport entre le crâne d'un bébé et son corps, c'est un tiers/deux-tiers", rappelle-t-il, "donc le bébé a tendance à couler".
"C'est très utile pour développer l'intelligence de l'enfant. En revanche, il n'y a pas d'étude sérieuse qui dit que ça aide à apprendre à nager", estime-t-il. "Les parents s'amusent, mais les enfants boivent de l'eau pleine de chlore et n'apprennent pas à nager", lâche de son côté Jean-Michel Lapoux.
Selon le ministère de la Santé, les noyades sont à l'origine d'environ 1000 décès par an, dont plus de 500 enfants, et peuvent causer de graves séquelles. Elles sont la première cause de mortalité des moins de 6 ans.