Montée à Bordeaux d'une fronde anti-Parisiens, accusés de faire bondir les prix
Dites-vous "chocolatine" ou "pain au chocolat"? C'est peut-être un détail pour vous, mais pour eux, les Bordelais du cru, ça veut dire beaucoup. Que ce soit sur le ton de la plaisanterie, comme ce boulanger que nous avons rencontré qui fait, pour la blague seulement, les "chocolatines" à 1 euro et leurs équivalents parisiens à 1,50 euro, ou bien en forme de reproche, certains Bordelais en ont assez de voir débarquer des Parisiens. Et ils le disent. C'est ainsi que fleurissent dans les rues de la ville des autocollants "Parisien, rentre chez toi". Au point qu'Alain Juppé siffle la fin de la récréation.
"Notre ville est accueillante et le restera", tempête l'élu sur Twitter, disant envisager de saisir la justice au sujet de ces "attaques".
Pourquoi cet engouement pour Bordeaux? La ligne à grande vitesse, qui a mis la ville à deux heures de Paris au début de l'été, la rend encore plus attractive pour de nombreux Franciliens. Et puis, c'est vrai, la vie y est moins chère. Mais c'est justement là que le bât blesse. Ceux qui sont désignés comme "les Parisiens" font monter les prix des biens de consommation courante, comme ceux de l'immobilier qui a pris un peu plus de 15% en un an.
D'après les autochtones, même l'accent du Sud-Ouest se perd devant cette "gentrification" qui modifie profondément l'ambiance et le paysage sociologique de l'agglomération. Le Front de libération bordeluche face au parisianisme (FLBP), un groupe Facebook dédié à cette cause, enjoint non sans humour les Parisiens à rester chez eux.
Mais le fond du propos est plus sérieux. Sur RMC, le fondateur du FLBP dénonce la mise ne place d'une "ségrégation sociale et spatiale" entre le centre (de Bordeaux, NDLR) en voie d'être réservé aux plus aisés et les lotissements de banlieues dévolus "à une population déclassée".