Meurthe-et-Moselle: une statue du général Bigeard, accusé de torture pendant la guerre d'Algérie, fait polémique

Une statue en bronze de 2,50 mètres de haut érigée en toute discrétion. Un monument en l'honneur du général Marcel Bigeard est apparu jeudi 24 octobre à Toul (Meurthe-et-Moselle) où il est né, suscitant la polémique.
Ancien résistant, commandant des parachutistes coloniaux, la figure du général Marcel Bigeard est controversée, tant son nom est associé à la torture pratiquée pendant la guerre d'Algérie.
Technique d'exécution
"C'est un symbole de la torture coloniale, il l'a enseignée, il l'a couverte et jamais regrettée", explique à BFMTV l'historien Fabrice Riceputi, chercheur associé à l'Institut d'histoire du temps présent.
Marcel Bigeard a même donné son nom à une technique d'exécution, la "crevette Bigeard", consistant à jeter à la mer depuis un hélicoptère un homme à qui l'on a coulé les pieds dans le béton.
Le militaire, devenu député puis secrétaire d'État, a toujours nié avoir eu personnellement recours à de telles méthodes pendant la guerre, même s'il parlait de la torture comme d'un "mal nécessaire".
Vives protestations
La statue a été commandée et installée par une association, la fondation Général Marc Bigeard, avec l'accord du conseil municipal. Elle a été érigée jeudi dernier sans annonce préalable de la mairie, non loin de l'imposant monument aux morts de Toul.
Vendredi, un collectif opposé à l'érection de cette statue a manifesté devant la mairie. "Non au symbole de la terreur coloniale", pouvait-on lire sur une pancarte. "Ne célèbrons pas le tortionnaire Bigeard", sur une autre. Certains manifestants portaient des chasubles de la Ligue des droits de l'homme (LDH) qui soutient le Collectif "Histoire et Mémoire dans le Respect des Droits humains", opposé à la statue.
"La faute du maire est d'avoir accepté que la statue soit érigée avec les médailles et le révolver à la ceinture. C'est vraiment le militaire" qui est mis à l'honneur, dénonce au micro de BFMTV Philippe Leclercq, membre de la LDH de Lorraine.
"Ils ont osé", a aussi regretté dans un communiqué l'association Histoire coloniale et postcoloniale. "Le maire de Toul joue-t-il sur la capacité d'oubli des Français? Ou bien est-il lui-même ignorant en Histoire?", interroge-t-elle.
Fin 2011, une polémique avait déjà enflé autour d'un éventuel transfert des cendres de Bigeard aux Invalides, de nombreuses personnalités de gauche s'étaient opposées à tout hommage officiel.