BFMTV
Manifestations

Prix de la viande: des centaines d'éleveurs en colère manifestent à Caen

Les manifestants sont venus à bord d'environ 150 tracteurs et engins agricoles.

Les manifestants sont venus à bord d'environ 150 tracteurs et engins agricoles. - Charly Triballeau - AFP

Plusieurs centaines de producteurs de lait et d'éleveurs de porcs et de bovins, venus à bord de quelque 330 tracteurs et engins agricoles, se sont rassemblés dimanche en début d'après-midi à Fontenay-le-Pesnel, à l'ouest de Caen.

"Vous nous laissez mourir": au lendemain de l'appel de François Hollande à la grande distribution, plusieurs centaines d'éleveurs et producteurs de lait du Calvados manifestaient dimanche près de Caen contre la faiblesse des prix, en exigeant la venue de Stéphane Le Foll.

Samedi, avant de se rendre sur une étape du Tour de France, le président avait lancé "un appel" à la grande distribution "pour qu'elle offre aux consommateurs la qualité et aux agriculteurs un prix". Mais ces derniers considèrent que certains acteurs de la filière - transformateurs, industriels, grande distribution - ne respectent pas les récents accords sur l'augmentation des prix à payer aux éleveurs.

Plusieurs centaines de producteurs de lait et d'éleveurs de porcs et de bovins, venus à bord de quelque 330 tracteurs et engins agricoles, selon la préfecture, avec des bennes pleines de fumier et de gravats, se sont donc rassemblés dimanche en début d'après-midi à Fontenay-le-Pesnel, à l'ouest de Caen.

"Vous nous laissez mourir"

Un groupe a pris la direction de Villers-Bocage, où des déchets ont été déversés devant trois entreprises: un abattoir, une plateforme de distribution et une entreprise de transformation de viande de porc, a constaté un photographe de l'AFP. "Agriculteurs en colère", "Vous nous laissez mourir", "Le Foll t'es où ?", pouvait-on lire sur des banderoles accrochées à des tracteurs.

"C'est une des plus grosses mobilisations dans le Calvados de ces dernières années", s'est félicité auprès de l'AFP Sébastien Debieu, secrétaire général de la FDSEA du Calvados. "On va bloquer jusqu'à ce que (le ministre de l'Agriculture, Stéphane) Le Foll, vienne à Caen", a-t-il menacé. Objectif: "trouver des solutions pour les trésoreries des exploitations". Cette manifestation "répond à une situation très tendue", a déclaré à l'AFP Jean-Yves Heurtin, président de la FDSEA du Calvados.

"Il faut des actes"

Les agriculteurs, qui protestent dans toute la France depuis plusieurs semaines et ont encore mené des actions samedi en Bretagne, estiment que les trop faibles prix de la viande (porc et boeuf), ne leur permettent pas de couvrir leurs coûts de production. "On avait mis beaucoup d'espoir sur la table ronde du 17 juin", à l'issue de laquelle les acteurs de la filière s'étaient engagés à augmenter les prix de la viande payée aux éleveurs, a souligné M. Heurtin.

-
- © -

Il s'agissait d'"une augmentation de 5 centimes par semaine et par kilo jusqu'au retour de la rentabilité, soit 10 à 12 semaines pour la viande bovine", a rappelé le syndicaliste, ce qui se serait traduit pour le consommateur par une hausse d'"un euro au kilo". Mais les acteurs de la filière "ne respectent pas les accords", déplore-t-il.

"Il faut que Le Foll reprenne la main"

Si les prix ont augmenté dans certaines grandes surfaces, "on ne retrouve pas cette augmentation dans les prix payés à l'éleveur". "Il faut que (le ministre, Stéphane) Le Foll, reprenne la main" pour faire respecter ces accords, a affirmé Sébastien Debieu. Il y a urgence, insistent les manifestants, eu égard à la situation des éleveurs.

Selon le ministre de l'Agriculture, "entre 22 et 25.000" exploitations d'élevage, soit 10% du total, "sont cet été au bord du dépôt de bilan". "Et la situation va s'aggraver d'ici l'automne", en raison notamment de la sécheresse, prédit Sébastien Debieu, qui s'inquiète du désespoir de certains éleveurs.

"On sent que l'État est dominé par la grande distribution"

Quant à l'appel à la grande distribution de François Hollande, "c'est bien qu'il tienne ces propos. Mais maintenant il faut des actes, il faut concrétiser", a commenté M. Heurtin. Reste qu'"on sent que l'État est dominé par la grande distribution et n'a pas les moyens pour (lui) imposer une politique des prix", estime-t-il.

la rédaction avec AFP