Les préfets redoutent la fronde dans une note confidentielle

Les "Bonnets rouges" ne sont pas les seuls à être en colère selon les préfets. - -
La colère des Français ne se limite pas à la Bretagne à en croire les préfets. Une synthèse confidentielle, révélée ce jeudi par Le Figaro, prend le pouls des départements et met en garde sur la "crispation", l'"exaspération" et "la colère" de la société.
Destinée au gouvernement le 25 octobre dernier, la note mensuelle sur le climat économique et social, peu optimiste, aurait dû rester secrète.
Les préfets des 101 départements y font part de leurs observations sans mâcher leurs mots: "Partout sur le territoire, les préfets dressent le même constat d'une société en proie à la crispation, à l'exaspération et à la colère", cite Le Figaro.
Fiscalité et emploi
Entre autres causes, la fiscalité provoque un sentiment de "lourdeur des règles (...) qui freinent le développement des entreprises". La synthèse de quatre pages ne se montre pas plus optimiste "sur le front de l'emploi", où "l'embellie estivale a été de courte durée".
En bref, le climat est "douloureux" et un "sentiment d'accablement" se fait sentir pour les représentants de l'Etat dans les territoires face aux "annonces successives de liquidations judiciaires et de plans sociaux". Un ras-le-bol qui "s'exprime de façon éruptive", constatent par exemple les préfets du Calvados, de la Lozère ou de l'Orne.
En filigrane, les fonctionnaires craignent une résurgence du Front national: "Ce climat de pessimisme et de défiance alimente le discours des extrêmes sur l'impuissance des pouvoirs publics".
Un nouveau cadre d'actions
"De plus en plus, les revendications sont portées en dehors du cadre syndical, à travers des actions plus radicales: grèves de la faim, blocages de longue durée, dégradations et menaces de perturbation de grandes manifestations culturelles ou sportives ont pris le pas sur les défilés en ville", précise encore la synthèse.
Revenant sur la fronde contre l'écotaxe, les préfets "rappellent la grande vulnérabilité à des actes de malveillance" des portiques, suggérant à demi-mot qu'il faudrait peut-être les démonter avant qu'ils ne soient détruits.