Grève générale en polynésie française

PAPEETE (Reuters) - Une grève générale à l'appel de plusieurs syndicats pour protester contre la dégradation de la situation économique et sociale paralyse partiellement depuis jeudi l'activité en Polynésie française.
Le mouvement à durée indéterminée, lancé par un "Collectif pour la Paix" a été peu suivi, mais les grévistes ont ciblé des points stratégiques du territoire.
Ils ont ainsi bloqué notamment une partie du port de Papeete (le fret pour Moorea) et les vols internationaux à l'aéroport de Tahiti-Faa'a ainsi que plusieurs institutions comme le Trésor public, l'entrée de l'hôpital de Mamao hors les urgences.
Le mouvement est né de la dégradation forte de la situation économique et sociale dans ce territoire français du Pacifique sud. Les statisticiens estiment qu'entre 2008 et 2009, la crise économique a supprimé 9.000 emplois, un mouvement qui s'est encore accéléré en 2010.
Le "collectif pour la paix", qui n'a pas reçu l'appui des églises et de certains syndicats, réclame "la fin des licenciements économiques" ou "la création d'une caisse de chômage".
Le gouvernement du président Gaston Tong Sang a été en négociations durant ces derniers jours avec le collectif, mais ses engagements signés dans la nuit de jeudi n'ont pas été jugés suffisants par les grévistes.
Ceux-ci réclament également des comptes à l'Etat français. Les fonctionnaires, qui ne verront plus leurs retraites aussi largement majorées que par le passé, souhaitent des mesures compensatoires.
Certains syndicalistes demandent par ailleurs à l'Etat de rembourser environ 200 millions d'euros de dépenses que la CPS (Caisse de prévoyance sociale, l'équivalent de la Sécurité sociale) aurait engagé ces dernières années du fait des cancers qui seraient liés aux essais atomiques à Mururoa et Fangataufa.
Une réquisition des pompiers par le Haut-commissariat de la République en Polynésie devrait permettre de rouvrir l'aéroport international, les vols depuis Nouméa et Los Angeles ayant été annulés ou reportés jeudi.
Jeudi en fin d'après-midi, le mouvement a été reconduit sans date précise de fin. En revanche, la crainte de voir les examens scolaires de fin d'année bloqués a été levée. Du certificat d'études au bac, enseignants grévistes et non grévistes assurent la surveillance des épreuves.
Daniel Pardon, édité par Pascal Liétout