Manifestant dans le coma: deux nouvelles vidéos accablantes pour les policiers

Un groupe d'agents appartenant à la compagnie départementale d'intervention mobilisée le 26 mai, pendant la manifestation contre la loi Travail. - Jean-Philippe Ksiazek - AFP
Le 26 mai, Romain D, photographe indépendant, venait d’assister à une manifestation contre la Loi El Khomri à Paris, quand il a été grièvement blessé à la tête. En cause: une grenade de désencerclement, lancée tout près de lui par un membre du groupe d'intervention de la préfecture de police de Paris*.
Depuis, le photographe, victime d’une "fracture temporale avec enfoncement de la boîte crânienne", a été opéré et placé en coma artificiel. Depuis, trois enquêtes ont été ouvertes: l’une, administrative, par l’IGPN (la police des polices), l’autre, préliminaire, par le parquet de Paris, et une dernière, à l'initiative de Jacques Toubon, le Défenseur des Droits.
"Lien de causalité"
Plusieurs vidéos de la scène ont été publiées sur internet. Aucune ne permet toutefois pour le moment d’établir le lien entre la chute de la grenade et celle du jeune homme, secouru par ses camarades, alors qu’il s’effondre, la tête ensanglantée. Mais ce lundi soir, deux nouvelles vidéos seront diffusées dans Le Petit Journal, sur Canal +. D’après Libération, qui les a visionnées, elles accableraient les policiers.
"L’homme s’écroule dans la foulée de l’explosion de la grenade. Ce qui renforcerait le lien de causalité entre l’acte du policier et la blessure de Romain", explique Libération.
Les faits, racontés en détail par Mediapart, se sont déroulés Cours de Vincennes, près de la Place de la Nation, après la dissolution de la manifestation. Un groupe hétéroclite de journalistes, photographes et badauds se trouvait alors à proximité de plusieurs membres des forces de l'ordre qui venaient d’interpeller un adolescent. Plusieurs fonctionnaires rejoignent leurs collègues, autour de l’adolescent menotté. Mais en passant près du groupe où se trouve le photographe de 28 ans, un des policiers lâche une grenade.
"Groupes violents ou armés"
Ce type de grenades contiennent et propulsent des billes en caoutchouc, et doivent être lancées dans les pieds des manifestants. Utilisées pour disperser un attroupement, elles peuvent causer notamment des bleus aux jambes, ou encore des coupures, du fait des débris possibles provoqués par leur emballage.
Comme le rappelle une circulaire citée par Mediapart, ce type de grenade est susceptible d'être utilisé "lorsque les forces de l’ordre se trouvent en situation d’encerclement prises à partie par des groupes violents ou armés". D'après Mediapart, les policiers qui ont lancé la grenade ce jour-là n'étaient pas en situation de "danger imminent".
"Comme le rappelle la circulaire de septembre 2014, les forces de l’ordre doivent procéder à des sommations avant de lancer une grenade de désencerclement en direction d’un attroupement, et si elles ne le font pas, ce ne peut être qu'en cas de violences et de voies de fait exercées contre les forces de l’ordre qui ne peuvent défendre autrement le terrain qu’elles occupent'", note aussi le site d'information.
"Les faits mériteraient une enquête impartiale"
Après les faits, comme le racontent les deux médias, deux grenades lacrymogènes ont aussi été lancées par les policiers et sont tombées tout près du photographe, déjà à terre.
Le policier ayant lancé la grenade doit être entendu dans la semaine. L'avocat de la famille de Romain D., cité par Libération, se dit quant à lui impatient de voir un juge d'instruction se saisir de l'affaire.
"Ces faits mériteraient une enquête impartiale", conclut le quotidien.
*ERRATUM
Contrairement à ce que nous avons écrit dans un premier temps, le policier en question dépend d'un groupe d'intervention de la préfecture de police de Paris, et non pas des CRS.