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Maltraitances dans des crèches: ces signaux qui doivent alerter les parents

(Image d'illustration)

(Image d'illustration) - FRED DUFOUR © 2019 AFP

Dans un rapport dévoilé mardi, l'Inspection générale des affaires sociales a dressé une situation très "hétérogène" de l'accueil réservé aux enfants dans les crèches françaises, et a pointé du doigt plusieurs faits de maltraitances.

Plus de neuf mois après la mort tragique d'un bébé de 11 mois dans une crèche de Lyon et l'ouverture d'une enquête visant la salariée qui lui aurait fait ingérer un produit caustique, l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) a publié mardi un rapport dressant un panorama approfondi des crèches en France.

Et bien que l'organisme reconnaisse l'existence d'établissements "de grande qualité, portés par une réflexion pédagogique approfondie", il pointe également du doigt "des établissements de qualité très dégradée", pouvant déboucher sur "des carences dans la sécurisation affective et dans l'éveil".

Des recommandations pédiatriques pas toujours appliquées

Parmi les 5275 directeurs, 12.545 salariés et 27.671 parents interrogés, des témoignages gravissimes ont été recueillis, faisant état d'enfants auxquels on ne donne pas à boire, qu'on laisse dans des couches souillées trop longtemps, qu'on nourrit de force ou encore qu'on attache au radiateur.

Pour les parents, découvrir que son enfant est maltraité physiquement ou affectivement est une importante source d'angoisses, d'autant plus choquante que les places en crèche se monnaient cher. Mais des signaux doivent pouvoir alerter les parents en amont.

Interrogée par BFMTV.com, la pédiatre Fabienne Cahn-Sellem, experte pour le site spécialisé Mpedia.fr, reconnaît avoir déjà été confrontée "à un manque de bienveillance" de la part de certaines crèches au cours de sa vie professionnelle.

"Dans certains établissements, les recommandations de nutrition pédiatrique ne sont pas toujours appliquées", regrette-t-elle, pointant du doigt l'absence de lait de croissance.

De même, "on peut également parler du fait que certains encadrants ne changent les enfants qu'à heures fixes, mais qu'ils les laissent s'endormir quand ils le veulent".

Pleurs, dermite du siège...

Pour la pédiatre, plusieurs signes doivent alerter. D'abord, "quand l'enfant pleure tous les matins avant d'aller à la crèche, et ceci après le temps d'adaptation de 15 jours/un mois, ce n'est pas normal. Il doit normalement être content d'aller à la crèche, c'est un endroit avec de l'espace, des jouets...".

Et d'ajouter: "Si l'on observe une dermite des fesses le vendredi soir, mais qui a disparu le dimanche, cela signifie que l'enfant n'est pas changé régulièrement".

Comme le souligne le site de l'assurance-maladie, une dermite du siège est "une irritation de la peau", provoquée par "l'accentuation du frottement avec la couche". Elle peut être favorisée par "le contact prolongé des fesses du bébé avec les selles et l'urine", et peut donc signifier qu'à la crèche, l'enfant n'est pas changé assez régulièrement.

Enfin, Fabienne Cahn-Sellem appelle à regarder avec attention la courbe de poids de son enfant. "Si le poids de l'enfant ne monte pas assez, c'est que là aussi, il y a un problème, du côté de l'alimentation", met-elle en garde, indiquant qu'à plusieurs reprises, le manque d'apport en matières grasses dans les crèches lui a été remonté.

Un lieu d'éveil et pas seulement une garderie

En dehors de cet état des lieux, des faits beaucoup plus graves peuvent avoir lieu dans les crèches, comme l'a souligné le rapport de l'Igas. Si des parents soupçonnent leur enfant d'être victime de maltraitance physique dans sa garderie, un panel de signaux peut les alerter, listé par l'association L'Enfant bleu.

Ainsi, un enfant porteur d'hématomes, de griffures, de brûlures, de morsures, de fractures, ou encore soumis à des maux de ventre, des maux de tête, des éruptions cutanées et des troubles du sommeil et de l'attention, peut être victime de maltraitance dans sa crèche.

D'une manière plus générale, Fabienne Cahn-Sellem appelle à ne pas oublier le but premier d'une crèche. "Il faut aussi que le langage soit au cœur des crèches, qu'on parle aux enfants. La crèche doit être un endroit d'éveil, et pas uniquement une garderie", conclut-elle.

Jules Fresard