Maltraitance dans des crèches: Véran annonce 200.000 places supplémentaires et davantage de "contrôles"

Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran à l'issue d'une réunion à Matignon, le 12 mars 2023 à Paris - Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP
"Le service public de la petite enfance: c'est à la fois l'une des plus importantes promesses de campagne du président de la République et le chantier majeur de ce début de quinquennat". Au lendemain de la publication du rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), qui pointe des maltraitrances dans des crèches, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a concédé, que "si globablement le rapport montre que le système fonctionne bien et est de qualité, il y a des endroits où c'est particulièrement difficile et tendu".
Le gouvernement, qui doit "y apporter des réponses", s'engage à créer "200.000 places supplémentaires pour accueillir les petits dans les bonnes conditions".
"On travaille d'arrache-pied pour l'attractivité des métiers, pour la formation des professionnels, pour ouvrir de nouvelles places et pour les contrôles évidemment", a ajouté Olivier Véran, invité de France 2.
"Une erreur historique"
"Le service de crèches, d'assistantes maternelles est de grande qualité dans notre pays, avec des disparités territoriales, a-t-il encore déclaré.
"On paye pour 40 ans, 50 ans (...) au cours desquels ces métiers étaient des métiers, il faut le dire, qui étaient quasi exclusivement féminisés et donc insuffisamment valorisés. C'était une erreur historique", a déclaré le ministre.
"Dans tous les métiers du soin, on constate la même chose: une perte d'attractivité des métiers, parfois une perte de sens, et donc un manque de personnel", a reconnu Olivier Véran. Ce manque de personnel crée "les conditions pour que la bientraitance ne soit pas toujours au rendez-vous".
Des enfants privés de sieste, insultés, humiliés...
Dans son rapport, l'Igas décrit une situation d'accueil "très disparate" dans les crèches, un secteur où se côtoient le meilleur et le pire. Au côté de crèches "de grande qualité, portées par une réflexion pédagogique approfondie", on trouve aussi "des établissements de qualité très dégradée", ce qui peut entraîner "des carences dans la sécurisation affective et dans l'éveil" des tout-petits.
Les auteurs du rapport se sont rendus dans 36 établissements publics et privés à travers la France; ont diffusé un questionnaire auquel ont répondu 5275 directeurs, 12.545 salariés de crèches et 27.671 parents.
Beaucoup d'adultes interrogés ont ainsi décrit des situations s'apparentant à de la maltraitance, soulignent les auteurs, évoquant des enfants oubliés sur les toilettes, privés de sieste faute de lits en nombre suffisant, ou au contraire laissés en pleurs jusqu'à ce qu'ils s'endorment. D'autres évoquent des insultes, des humiliations, des couches non changées, des maltraitances physiques.
Pour l'Igas, rehausser la qualité de l'accueil doit passer par un renforcement des contrôles, un relèvement des taux d'encadrement et du niveau de qualification des professionnels, mais aussi par un mode de financement des établissements conditionné à des objectifs de qualité.