Maltraitance animale dans les abattoirs: cas isolés ou généralité ?

Le directeur de l'abattoir de Mauléon assure qu'il ne savait rien des actes de cruauté commis par ses employés, filmés par l'association L214, et rendus publics dans une vidéo ce mardi.
"Cela n'aurait pas dû arriver (...), on a une chaîne performante, les exactions commises sont du seul fait des opérateurs", s'est défendu Gérard Clémente sur BFMTV pointant des "pratiques inadmissibles".
Face aux images, le président de la Confédération française de la boucherie, Christian Le Lann, s'est lui aussi dit "scandalisé" sur notre antenne, pointant le comportement de gens "sadiques" ou "pervers". Pour lui, il ne s'agirait que d'une exception. Mais au vu des précédents et des cadences sur les chaînes d'abattage, peut-on penser que ces dérives ne sont qu'un cas isolé?
Trois vidéos en quelques mois
Il s'agit en effet de la troisième vidéo du même genre publiée récemment par L214. L'association a déjà exposé les violences commises sur les bêtes vivantes des abattoirs d'Alès et du Vigan. Sébastien Arsac, membre de l'association interrogé ce mardi sur BFMTV l'admet: "sur ces images, on ne peut pas dater depuis quand ce genre de pratiques perdurent", mais "on voit que ce sont des pratiques routinières", "généralisées" et "habituelles".
"Chaque fois on tombe sur des exceptions c'est quand même bizarre", ironise Brigitte Gothière, porte-parole de l'association de défense des animaux sur le plateau de BFMTV.
L214 réclame donc plus de transparence, grâce à des accès aux locaux de manière inopinée et à l'accès aux documents administratifs.
Vers la vidéosurveillance?
Le journaliste et critique gastronomique basque Périco Légasse pointe un manque de vigilance. "Ils ne sont pas surveillés, et ils savent que l'Etat n'a plus les moyens de les contrôler. C'est comme si les voleurs n'avaient plus de police, plus de gendarmerie, s'il n'y avait plus de code de la route et plus de radar", a-t-il commenté sur BFMTV. Pour mettre fin à ces pratiques, il suggère l'installation de caméras de vidéosurveillance car "dès que le salarié saura qu'il est filmé, je peux vous dire que ça se passera très bien", a-t-il ajouté.
La France ne compte aujourd'hui que 1.400 inspecteurs des services vétérinaires pour surveiller 260 abattoirs. Il en faudrait le double. "Quand on regarde le nombre d'animaux suivis par vétérinaire en France, on se classe en 97e position mondiale, derrière l'Iran, la Tunisie et le Costa Rica. Or, on est le premier producteur européen de poulet et de boeuf", a souligné la journaliste d'investigation Anne de Loisy sur notre antenne.
Pour répondre à ce nouveau scandale, le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, à ordonné mardi des inspections dans l'ensemble des abattoirs de France. Les résultats des inspections seront notamment transmis à la commission d'enquête parlementaire "sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français", créée la semaine dernière en réponse aux scandales révélés par les vidéos de L214.