BFMTV
Société

Loire: une pétition lancée pour la médecin réquisitionnée pour avoir refusé d'assurer ses gardes

placeholder video
La médecin, qui est désormais seule dans ce cabinet médical après le départ d'un second professionnel de la santé en juin 2024, refuse d'assurer ses gardes le soir et le weekend car déjà submergée de patients. Une pétition a déjà été signée par près de 200 habitants.

Une visite qui laisse un goût amer. Alors qu'elle était en pleine consultation mardi 21 janvier, la médecin du village de Bully (Loire), a vu trois gendarmes débarquer dans son cabinet. Leur mission, lui remettre un arrêté de réquisition à la demande de l'Agence régionale de santé (ARS) afin qu'elle assure des gardes, dont une prévue le soir même.

Depuis le début de l'année, la professionnelle de la santé, qui est désormais seule dans ce cabinet médical après le départ du second médecin en juin 2024, refuse d'assurer ses gardes le soir et le weekend car déjà submergée par les consultations des centaines de patients dont elle a la charge.

"Marie s’est retrouvée toute seule pour entre 1.500 et 2.000 patients. C’était compliqué pour elle parce que c’est fatiguant", dit à BFMTV Dominique Mayere, maire de Bully.

"Assurer le meilleur accès possible aux soins"

En réaction, la médecin, qui a refusé de signer le document présenté par les gendarmes, s'est mise en arrêt de travail et songe à arrêter la profession. "Cette décision n'est pas liée à sa récente réquisition qui a simplement été un élément parmi d’autres dans sa réflexion", nous fait savoir le centre de santé du Marais.

Interrogé par France 3 Régions, Maxime Audin, directeur adjoint de la délégation Loire de l'ARS, justifie sa décision: "J'ai proposé au préfet de faire un arrêté de réquisition compte tenu du fait que le tableau de garde était incomplet. Je suis là pour assurer le meilleur accès possible aux soins pour les habitants du secteur qui ont le droit d'être malades", explique-t-il.

Le Code de santé publique impose que des gardes soient assurées dans le secteur les soirs de semaine, entre 20 heures et minuit, le samedi, de midi à minuit et le dimanche et les jours fériés entre 8 heures et minuit.

"Trois gendarmes!"

Dans le village de Bully, où cohabitent un peu plus de 400 âmes, cette manière de faire scandalise et la mairie a lancé une pétition afin de demander que la médecin puisse reprendre le travail sans assurer les gardes prévues. Elle a pour l'heure été signée par 200 personnes.

"Comment peut-on utiliser les mêmes méthodes pour des délinquants et pour des gens qui essaient de faire leur travail au mieux?", "Trois gendarmes! Je pense qu’il y avait une autre façon de lui dire", s'indignent des Bullyçois auprès de BFMTV.

L'arrêt maladie pris par la médecin suscite également l'inquiétude dans cette commune rurale, où l'accès aux soins est de plus en plus compliqué. Si une permanence est assurée par une autre professionnel deux fois par semaine pour les deux prochaines semaines, la municipalité s'inquiète pour les mois à venir.

"Lorsque vous voyez qu’on fait venir un gendarme pour obliger un médecin à faire des gardes, je pense que les jeunes médecins qui veulent s’installer n’ont sûrement pas envie de venir dans un cabinet dans une petite commune", conclut, auprès de France 3 Régions, Mireille Brunelin, adjointe à la mairie de Bully.

Romain Ethuin, Blandine D'alena avec Hugo Septier