"La goutte d’eau": une médecin généraliste réquisitionnée parce qu'elle n'assure plus certaines gardes

Un stéthoscope et un thermomètre, posés sur une table dans un cabinet médical à Albi, dans le sud-ouest de la France, le 15 juin 2023 (photo d'illustration). - CHARLY TRIBALLEAU / AFP
Une médecin généraliste exerçant dans la Loire a fait l'objet d'une réquisition préfectorale lui demandant d'exercer des gardes médicales qu'elle avait cessé de réaliser depuis le début de l'année, rapporte vendredi 24 janvier Le Progrès. Elle est depuis en arrêt maladie.
Dans un communiqué de presse, le Centre de santé du Marais qui emploit la généraliste assure ce lundi 27 janvier qu'elle a "suspendu temporairement son activité pour des raisons personnelles".
"Cette décision n'est pas liée à sa récente réquisition qui a simplement été un élément parmi d'autres dans sa réflexion", dit le communiqué qui précise que "la problématique de la permanence des soins dans le secteur de Bully est une difficulté de longue date".
Alors qu'elle est en pleine consultation dans son cabinet situé à Bully, un village d'un peu plus de 400 habitants, au sud-ouest de la ville de Roanne, la généraliste a la surprise de recevoir mardi la visite de gendarmes. Ils lui demandent d'effectuer une garde le soir même, entre 20 heures et minuit.
Les forces de l'ordre ont fait le déplacement dans le but de faire appliquer la réquisition préfectorale visant la généraliste. Cette dernière se voyait reprocher de ne plus assurer de gardes dans le secteur depuis le début de l'année, selon le journal local.
Seule dans le cabinet médicale
La généraliste avait arrêté d'assurer les gardes début de l'année 2025. Cette décision intervenait après le départ en juin 2024 de l'autre médecin du cabinet. Depuis 6 mois, elle se retrouvait ainsi en charge de toute la patientèle, soit environ 1.500 personnes, avec seulement l'aide de trois internes.
"Elle a une charge de travail qui a tellement augmenté qu’elle ne peut pas tout gérer", soutient le directeur de l’association Centre de santé du Marais, employant la généraliste, Rodolphe Calandry.
La décision de la médecin avait par ailleurs été clairement annoncée en amont à l'Agence régionale de santé Auvergne-Rhône-Alpes, à l'Ordre des médecins et aux autres médecins du secteur. Après cette annonce, d'autres médecins des environs assuraient certaines gardes, tandis que d'autres restaient non pourvues.
Des réquisitions autorisées par le Code de santé
Le Code de santé publique impose que des gardes soient assurées dans le secteur les soirs de semaine, entre 20 heures et minuit, le samedi, de midi à minuit et le dimanche et les jours fériés entre 8 heures et minuit.
Les médecins des environs doivent normalement assurer ces gardes, mais uniquement sur la base du volontariat. Lorsqu'une garde n'est pas pourvue, il est cependant possible que des médecins soient réquisitionnés.
"J’ai proposé au préfet de faire un arrêté de réquisition compte tenu du fait que le tableau de garde était incomplet, de la nécessité d’accès aux soins et du fait que les urgences étaient débordées", explique le directeur adjoint de la délégation Loire de l’ARS Maxime Aubin. "Ce n’est pas agréable et c’est la première fois que cela m’arrive", assure-t-il.
Une solution temporaire mise en place
La médecin a immédiatement interrompu ses consultations et se trouve en arrêt maladie au moins jusqu'au 15 février.
"La réquisition a été la goutte d’eau qui a fait que notre médecin s’est mise en arrêt maladie dû à une surcharge de travail", soutient à France 3 Régions le directeur de l’association Centre de santé du Marais. "Elle est décidée à arrêter", assure-t-il, précisant qu'elle préfère ne pas s'exprimer publiquement à ce sujet.
La commune a depuis trouvé une solution provisoire. Un autre médecin assurera les consultations deux jours par semaine pour les deux prochaines semaines.
La ville est cependant inquiète, alors que la région souffre d'une pénurie de professionnels de santé. "Les jeunes médecins qui veulent s’installer n’ont sûrement pas envie de venir dans un cabinet dans une petite commune", estime l'adjointe au maire de la commune, Mireille Brunelin.