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Les Français seraient de moins en moins attachés à la démocratie selon un sondage

L'Assemblée nationale, ce 21 octobre 2024.

L'Assemblée nationale, ce 21 octobre 2024. - Ludovic MARIN / AFP

Dans son rapport, le Conseil économique, social et environnemental souligne que de nombreuses inégalités en France sont à l'origine de ce désamour grandissant.

Des chiffres qui préoccupent. En marge de son rapport annuel sur l'état de la France qui doit être présenté mercredi 23 octobre devant l'Assemblée nationale, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a également commandé un sondage, réalisé par Ipsos, éclairant sur le rapport qu'entretiennent les Français avec la démocratie.

Ainsi "15% des Français déclarent qu'ils ne seraient pas prêts à défendre la démocratie si elle était en danger", note l'étude, dont les résultats ont été publiés en exclusivité par Le Parisien, et "plus inquiétant, 23% ne sont pas convaincus qu'il s'agisse du meilleur système politique existant".

Parmi les moins attachés à la démocratie, "les jeunes et les personnes défavorisées sont largement surreprésentés", pointe l'enquête.

De plus, un Français sur deux, 51% des sondés, estiment pour leur part que "seul un pouvoir fort et centralisé" peut garantir l’ordre et la sécurité. En parallèle, ils sont 76% à penser que "tous les hommes et femmes politiques sont déconnectés des réalités des citoyens."

Des inégalités de plus en plus fortes

Cette volonté d'un pouvoir fort, ainsi que d'un éloignement progressif de la démocratie, s'explique par différents facteurs. Selon le quotidien francilien, l'enquête du CESE insiste sur le sentiment d'inégalité ressenti par les Français.

Des inégalités "économiques, sociales, territoriales, générationnelles, entre hommes et femmes, entre familles monoparentales et les autres", souligne la sociologue Claire Thoury, rapporteure de l’enquête.

Ces inégalités sont d'ailleurs visibles dans plusieurs données de cette enquête. Interrogés sur les "trois sujets qui les préoccupent le plus", 40% des Français sélectionnent "leur santé et celle de leurs proches" (+3 points par rapport à 2023), et même 42% au sein des catégories socio-professionnelles défavorisées (CSP-), selon l'enquête commandée par le Conseil économique, social et environnemental (CESE).

En termes d'accessibilité aux services publics, un Français sur deux dénonce un difficile accès aux soins, et même 59% parmi les habitants d'agglomérations de moins de 20.000 personnes.

Le CESE souligne d'importantes "inégalités", notamment de santé. Plusieurs départements des régions d'Outre-mer, Hauts-de-France, Grand Est et Centre cumulent "une espérance de vie à 60 ans plus faible et un nombre plus élevé d'années vécues en mauvaise santé".

S'ensuivent le pouvoir d'achat (34%, -6 points), la situation économique et financière du pays (28%, +5 points), et la situation politique (24%, non mesurée l'an dernier). L'immigration arrive sixième (18%, constant), à égalité avec l'instabilité géopolitique ou l'avenir du système de retraites.

"Le citoyen ne peut être réduit à l’électeur"

Comment enrayer cette défiance grandissante du système démocratique, ou du moins améliorer son fonctionnement? "24% nous répondent qu’il faudrait plus écouter les gens et prendre en compte leurs préoccupations", explique, toujours au Parisien, Thierry Beaudet, président du CESE.

"Il faut que les responsables politiques changent de culture et de pratiques, le citoyen ne peut être réduit à l’électeur", conclut-il.

Mercredi à l'issue du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a indiqué que les conclusions de ce rapport et du sondage qui l'accompagne "nous obligent à avoir des résultats."

"Le Premier ministre a éminemment conscience des colères, et c'est le sens de sa volonté d'écouter l'ensemble des parlementaires", a-t-elle ajouté.

Enquête Ipsos réalisée par téléphone du 2 au 13 septembre 2024 auprès de 1.001 personnes constituant un échantillon représentatif de la population française, âgée de 18 ans et plus, par la méthode des quotas.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV