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Le parc Astérix "désolé" pour la visiteuse évincée d'une attraction en raison de sa corpulence

Un statue du héros de bande dessinée Astérix, au sein du parc d'attractions Astérix, à Plailly, dans l'Oise, le 2 juin 2021.

Un statue du héros de bande dessinée Astérix, au sein du parc d'attractions Astérix, à Plailly, dans l'Oise, le 2 juin 2021. - STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Le direction du parc Astérix explique le refus d'une visiteuse sur une attraction en raison de sa corpulence par un impératif de sécurité. Elle récuse toute discrimination, assurant au contraire faire preuve d'inclusivité.

"On est tristes et désolés pour cette personne". Après avoir été refusée sur une attraction du Parc Astérix en raison de sa corpulence, une visiteuse a dénoncé auprès de Libération la manière dont on l'a éconduite, qualifiant son expérience d'"humiliation". Contactée par BFMTV.com, la direction du parc dit exprimer sa "compassion et compréhension" à l'égard de la personne concernée, mais estime que sa prise en charge a été adaptée.

Une situation "franchement honteuse", selon la visiteuse

L'événement se déroule le 8 juillet: la visiteuse, une femme de 35 ans qui dit ne plus se peser "depuis des années" et s'habiller au moins en "XL pour le haut et en 46/48 pour le bas", est montée dans un des sièges des montagnes russes Toutatis, l'un des manèges phares du site.

Une fois la visiteuse installée, un employé abaisse le harnais, mais l'assise n'est pas validée par le système informatique de la machine. Il multiplie les tentatives pour que l'attraction puisse être lancée mais manque d'expliquer à la visiteuse la raison du problème. De son côté, elle a bien compris que c'est sa corpulence qui pose problème. Les tests semblent s'éterniser "plusieurs longues minutes" sous le regard des autres passagers. La situation devient "franchement honteuse", selon la visiteuse.

Après une énième, on lui demande finalement de quitter l'attraction. Un personnel d'encadrement lui court après pour assurer qu'il "ne cautionnait pas" et lui proposer "une compensation" (une redirection "vers une autre attraction à sensation forte" sans limitation de corpulence, explique la direction du parc). La trentenaire explique qu'elle souhaite seulement que sa mauvaise expérience ne se reproduise pas. Abattue, elle finit par quitter le parc prématurément.

Des limitations indiquées

Face à cet épisode qui interroge notamment sur l'accessibilité des personnes à forte corpulence aux attractions du parc, Sébastien Retailleau, directeur général adjoint en charge de l'exploitation du parc, balaie tout soupçon de discrimination.

"Ce qui prime, c'est la sécurité, c'est ce qu'on garantit à nos visiteurs", assure-t-il.

Il explique qu'à ce titre, "certaines morphologies ne permettent pas d'embarquer sur Toutatis" et que "quand bien même le pilote voudrait activer la machine, il ne pourrait pas car le voyant indiquerait un problème". Une limitation qui provient du constructeur et de l'instance de certification des attractions. "Trois ou quatre" attractions comportant des restrictions présentes sur le site, dont Toutatis.

Le responsable affirme que ces informations sont précisées sur le site internet et l'application du parc, ce que BFMTV.com a pu confirmer. Dans le règlement intérieur du parc, on peut en effet lire que "des restrictions liées à la taille, au poids, à la morphologie" peuvent s'appliquer sur certains manèges. Pour Toutatis, c'est la taille des cuisses qui peut empêcher l'accès à l'attraction, car le harnais maintient uniquement les jambes.

"Ce n'est pas une restriction de poids mais de morphologie. On a des gens très corpulents au niveau du haut du corps ou du ventre qui n'ont aucun problème pour y accéder", assure Sébastien Retailleau.

Des sièges adaptés existent

Le directeur adjoint évoque aussi la présence d'un siège test disponible devant ces attractions pour que les personnes puissent savoir si elles pourront embarquer ou non. Il assure que les employés sont même formés pour repérer les morphologies potentiellement incompatibles avec l'attraction.

"La discrimination, ce serait de dire 'non' avant même de pouvoir faire le test", fait-il valoir.

Selon lui, le parc envisage déjà de demander aux constructeurs s'il serait possible développer des sièges adaptés à des corpulences plus importantes, comme ils existent déjà sur une autre attraction à sensation baptisée Oziris, ouverte depuis 2012.

Mais si l'adaptation est enclenchée, elle "prendra du temps", notamment en raison des caractéristiques de Toutatis: en plus d'être l'attraction la plus haute (51 mètres) et rapide (jusqu'à 110km/h) de France, elle comporte 23 "airtimes", des moments où le visiteur décolle momentanément de son siège. Un "record du monde", expliquait Guy Vassel, le directeur adjoint du parc au Parisien, deux semaines avant l'ouverture officielle.

Le parc veut prendre contact avec la visiteuse

Hors des limitations physiques, les critiques de la visiteuse portaient sur le manque de délicatesse avec lequel elle a été traitée sur l'attraction. Un problème souligné, selon elle, par le fait que le manager "ne cautionne pas".

"Je ne vois pas nos équipes dire ça", affirme Sébastien Retailleau.

Pour lui, le récit de la visiteuse ne met pas en évidence d'erreurs dans la prise en charge délivrée par les employés de l'attraction: la procédure prévoit que les personnes puissent essayer de monter sur l'attraction même si le siège test leur indique que leur corpulence pourrait les en empêcher.

"Si la personne insiste, il faut essayer plusieurs fois de lui mettre le harnais. Parfois, ça finit par marcher."

Dans le cas où les tentatives restent infructueuses, l'employé doit inviter la personne à quitter le wagon et la prendre à l'écart pour lui expliquer pourquoi ça n'a pas marché. Il doit ensuite lui proposer de se diriger vers une autre attraction qui lui est accessible.

"Je suis sûr que la procédure a été appliquée", explique le directeur adjoint, "malheureusement, nous n'avons pas pu prendre contact avec cette personne mais je serais heureux d'échanger avec elle".

Glenn Gillet