"La voiture est venue en choc frontal": une mère raconte l'accident de la route qui a coûté la vie à deux de ses enfants

C'était en avril 2018 sur la route départementale qui relie Laon, dans l'Aisne, à Reims, dans la Marne. Un chauffard multirécidiviste a fauché la voiture de Nadia Karmel, tuant ses deux filles âgées de 2 et 3 ans et demi. Alors que le procès de ce dernier s'ouvre ce jeudi à Laon, la mère de famille publie aux éditions Hugo Doc Elles s'aimaient très très fort et évoque auprès de BFMTV son combat pour responsabiliser davantage les conducteurs déjà sanctionnés.
Violent orage
Ce début de soirée d'avril 2018, Nadia Karmel est sur la route pour rentrer au domicile familial avec ses trois enfants à l'arrière du véhicule, ses filles Lila (3 ans et demi) et Adélaïde (26 mois) et son nouveau-né Isaac (1 mois). La météo est particulièrement mauvaise: "Il s'est mis à pleuvoir très fort, un orage très violent", se souvient-elle.
Alors qu'elle "n'était plus qu'à une centaine de mètres" de chez elle, la mère de famille aperçoit "une berline noir de type Maserati arriver très vite, si vite qu' elle quitte la route et vient en choc frontal sur notre voie", raconte-t-elle.
Lila meurt une heure plus tard, Adélaïde, transportée à l'hôpital de Reims succombe à ses blessures 24 heures plus tard. Gravement blessés, son fils et elle survivent de justesse.
9 infractions, 2 retraits de permis
Au volant de la Maserati se trouvait un chef d'entreprise de 48 ans, ancien expert en automobile déjà condamné à de nombreuses reprises pour excès de vitesse. "Il compte plus de neuf infractions à son actif, deux retraits de permis, il en est à son troisième à cause de notre accident", énumère Nadia Karmel.
Durant l'instruction, les experts n'ont cependant pas réussi à s'accorder sur la vitesse à laquelle roulait alors le conducteur, oscillant entre 100 et 145 km/heures, précise le JDD. Avec le mauvais temps, il aurait de toute façon dû rouler sous les 80 km/h.
Suivi psychologique
Face à ce profil, Nadia Karmel estime que la société doit s'adapter. Dans son livre, elle fait ainsi des propositions "pour que personne n'ait à pleurer un être cher comme [elle]", qu'elle a envoyées sous forme de lettre ouverte à Emmanuel Macron. Parmi les pistes avancées: imposer un suivi psychologique aux récidivistes de la vitesse, changer les règles d'indemnisation des victimes et davantage responsabiliser les assureurs.
Le mis en examen est jugé à partir de jeudi devant le tribunal correctionnel de Laon pour "double homicide involontaire" et "blessures involontaires". Il encourt sept ans de prison et un retrait de permis de cinq ans.