La Seine-Saint-Denis envoie sa "facture" de 346 millions d'euros à l'État

Stéphane Troussel, président de Seine-Saint-Denis - ludovic MARIN / AFP
La Seine-Saint-Denis a envoyé ce jeudi au président de la République une "facture" l'enjoignant à lui payer la somme de 346 millions d'euros estimant que le département le plus pauvre de France paie depuis des années "la solidarité nationale à la place de l'État".
"346 millions, voilà la facture que l'État doit à la seule Seine-Saint-Denis, rien que pour l'année 2018", a déclaré le président du département Stéphane Troussel (PS) aux membres du conseil départemental, selon le texte de son discours consulté par l'AFP.
Réuni en séance ce jeudi, le conseil départemental a voté à l'unanimité l'émission de ces "avis de sommes à payer" qui doivent être envoyés à l'État. En cause notamment, le financement des allocations de solidarités comme le RSA dont une partie n'est plus compensée intégralement par l'État, rappelle le département. A ce titre la Seine-Saint-Denis lui réclame près de 193 millions d'euros.
"Même si nous touchions 20 millions, ce ne serait même pas le dixième de ce que nous doit l'État"
Le département le plus pauvre de France en appelle également à "la solidarité nationale" concernant l'accueil des mineurs étrangers, qu'il prend en charge au titre de l'Aide sociale à l'enfance (ASE) et dont le nombre a été multiplié par trois depuis 2015. Ou encore pour le financement de la prise en charge des enfants revenus de Syrie et qui arrivent en France via la Seine-Saint-Denis en atterrissant à l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle.
Avec l'augmentation des dépenses sociales, les départements assurent avoir de plus en plus de difficultés à équilibrer leurs comptes. Face à la grogne des présidents de départements, l'exécutif a annoncé début novembre débloquer une enveloppe de 250 millions d'euros pour l'ensemble des départements français.
"Même si nous touchions 20 millions, ce ne serait même pas le dixième de ce que nous doit l'État", a protesté dans son discours Stéphane Troussel, qui espère faire entendre la voix de son territoire quelques semaines avant le vote du budget par le gouvernement le 20 décembre.