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Romy Schneider, Lustiger… Cent nouveaux noms de rue pour Paris

La plaque de la rue de Nesles, dans le 6e arrondissement de Paris, recouvre un nom plus ancien, la rue d'Anjou.

La plaque de la rue de Nesles, dans le 6e arrondissement de Paris, recouvre un nom plus ancien, la rue d'Anjou. - -

La commission d'attribution des noms de lieux publics de Paris vient d'entériner cent nouveaux noms de rue pour la capitale. L'occasion pour BFMTV.com de vous livrer les secrets du baptême des rues.

Chacun connaît les célèbres plaques en émail bleu et verte des rues de Paris. Mais comment décide-t-on du nom que l'on appose dessus? Mardi, la Commission d'attribution des noms de lieux publics de Paris vient d'approuver pas moins de cent noms pour baptiser de nouveaux lieux publics parisiens. Catherine Vieu-Charier, présidente de cette commission et adjointe au maire Bertrand Delanoë en charge de la mémoire, livre les cinq règles d'or d'un baptême de rue réussi.

Règle n°1: choisir un lieu vierge de tout nom

Les cent noms entérinés mardi concernent uniquement des lieux nouveaux, notamment les rues de la nouvelle ZAC Clichy-Batignolles, des esplanades nouvellement recencées, les berges de Seine... "A Paris, on ne débaptise pas, indique Catherine Vieu-Charier. Le maire est ferme là-dessus: il ne faut pas chambouler la vie des gens."

Et pour cause: les rares changements de rue de l'ère Delanoë (place Santiago du Chili changée en Salvador-Allende en 2003 et rue Sébastien-Bottin rebaptisée en Gaston-Gallimard en 2011) avaient fait des remous parmi les riverains. La municipalité a retenu la leçon...

Règle n°2: privilégier les femmes, oubliées des plaques de rues

Pour la première fois, la liste soumise à la commission d'attribution des noms de lieux publics était scrupuleusement paritaire: cinquante noms d'hommes et cinquante noms de femmes. "Il y a actuellement un déséquilibre abyssal en faveur des hommes, qui remonte au XIXe siècle. A cette époque, on a baptisé massivement, mais les femmes n'avaient aucune place dans la sphère publique", indique Catherine Vieu-Charier.

Parmi les nommées les plus illustres, Romy Schneider et Françoise Giroud. On trouve aussi les plasticiennes Niki de Saint-Phalle et Louise Bourgeois.

Règle n°3: privilégier les figures locales aux célébrités

Quelques noms connus comme celui du cardinal Jean-Marie Lustiger, mais la majorité ne résonnera pas à qui n'est pas familier de la capitale. Un autre parti pris. "Nous avons voulu privilégier des personnages peu connus du grand public, mais importants pour l'histoire de Paris", note Catherine Vieu-Charier. Pour les valoriser, deux lignes de biographie seront inscrits sous leur nom.

Parmi ces Parisiens méconnus, le résistant André Tollet, "qui était aux côtés de Rol-Tanguy et de Leclerc lors de la Libération de Paris" ou Elisabeth Skobtsov, "une femme au parcours étonnant qui avait menée une jeunesse débridée en Russie avant de devenir religieuse en France sous le nom de Mère Marie. Elle a caché des Juifs pendant l'Occupation et est morte en déportation."

Règle n°4: ne jamais baptiser une rue du nom d'un vivant

Personne ne pourra voir son propre nom sur une plaque de rue parisienne. "C'est une obligation à Paris: on ne nomme les rues que du nom de personnes décédées, précise Catherine Vieu-Charier. Et quelque part, tant mieux: il y a déjà tant de morts à honorer que si en plus, on devait choisir des vivants...!"

En revanche, il n'y a pas besoin d'être décédé depuis longtemps pour voir son nom apposé sur une plaque de rue. S'il ne fait pas partie de cent nouveaux noms, celui du résistant Stéphane Hessel sera sans nul doute proposé lors la prochaine commission.

Règle n°5: être à l'écoute de toutes les propositions

Les propositions émanent de partout: des maires d'arrondissements, des conseillers de Paris, des conseils de quartier et de tous les Parisiens qui envoient leurs voeux à la Ville. Aussi, les idées ne manquent pas... "J'ai pu constater une véritable inflation ces dernière années, indique l'adjointe au maire. Désormais, il ne se passe pas un Conseil de Paris sans que n'émanent trois ou quatre voeux!"

Chaque voeu jugé pertinent par le Conseil de Paris est ensuite soumis à la Direction de l'urbanisme pour déterminer son futur emplacement sur la carte de la capitale. La proposition est ensuite soumise au maire d'arrondissement concerné, avant d'être soumise à la Commission d'attribution des noms de rues, qui se réunit une fois par an en moyenne.

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