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Incendie rue Erlanger: un pompier raconte l'intervention périlleuse qui a permis de sauver 64 personnes

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Un mois après l'incendie de la rue Erlanger, dans le 16e arrondissement, le caporal Aurélien raconte l'intervention périlleuse à laquelle les sapeurs-pompiers de Paris ont dû faire face. Dix personnes ont péri dans l'incendie, mais 64 ont été sauvées grâce à l'intervention des pompiers.

Dans la nuit du 5 février dernier, le caporal Aurélien fait partie des premiers pompiers sur place lors de l'incendie du 17 bis rue Erlanger. Dans une vidéo publiée sur Allo Dix-Huit, le magazine en ligne des sapeurs-pompiers de Paris, il raconte cette intervention risquée.

Appelés pour un départ de feu, les pompiers vont découvrir au fur et à mesure l'étendue du brasier. "En face de nous on voit un bâtiment de 8 étages qui est totalement enfumé, directement au 4e étage, je vois une femme qui est assise sur son rebord de fenêtre et qui crie à l'aide", se souvient le pompier. 

"En fait je lève la tête, et là je vois qu'il y a du monde partout aux fenêtres, et je me dis en fin de compte, si nous, sapeurs-pompiers de Paris on ne va pas chercher ces gens, qui va y aller?", poursuit le caporal Adrien. 

Le bâtiment en flammes se situe sur une cour, inaccessible depuis la rue. Les pompiers ne peuvent donc pas avoir recours aux grandes échelles de leurs camions. Pour grimper, ils doivent utiliser des échelles à crochets, posées contre le mur.

Des victimes qui sautent des fenêtres

Dans un premier temps, le caporal Aurélien s'élance ainsi le long du bâtiment, sans assistance respiratoire. Mais arrivé au 3e étage, il est touché par une explosion. "Ce souffle en fait il me projette des débris de verre, des encadrements de fenêtre, des volets. On prend tout sur la tête", relate le pompiers. 

Sous le choc, souffrant d'un début d'intoxication, Aurélien doit repasser par le rez-de-chaussée pour s'équiper d'une assistance respiratoire. Les pompiers sont rapidement confrontés à la détresse des victimes et doivent réagir. 

"Et là, au même moment où je m'équipe de mon ARI (appareil respiratoire isolant, ndlr), j'ai une défenestrée qui m'arrive à 50 cm des pieds. C'est la première défenestrée qui saute du 7e étage", se souvient-il. 

Alors que cette personne est prise en charge, le pompier repart à l'assaut des étages pour porter secours aux victimes. Il parvient à évacuer trois personnes des 4e, 5e et 6e étage. De retour au 6e étage, impossible de redescendre avec sa quatrième victime. L'échelle, à proximité des flammes est brûlante. En s'engouffrant dans un couloir avec la victime semi-consciente, il parvient à trouver une cage d'escalier et à descendre la victime.

Des pompiers à bout de force

A plusieurs reprises, il va ainsi remonter dans les étages pour parvenir à sauver 8 personnes. A bout de force, il rejoint le centre de commandement au rez-de-chaussée.

"Là les mecs me déshabillent. Ils me disent, tu titubais, tu marchais pas droit, t'avais des propos incohérents. On voyait que tu n'étais plus là", explique le caporal Aurélien. 

Après quelques minutes de pause et alors que de nombreuses victimes sont encore prises au piège dans les étages, le pompier repart. Au 8e et dernier étage de l'immeuble, il repère deux pompiers intoxiqués par les fumés, réfugiés sur un toit. Ses 9e et 10e sauvetages de l'intervention. 

Avec le recul, un mois après, le caporal Aurélien a pris la mesure des efforts déployés cette nuit là.

"Si demain on me demande de refaire la même chose en manoeuvre, je ne suis pas persuadé de réussir", ajoute-t-il humblement. 

Au total le soir de l'incendie, 10 personnes ont trouvé la mort dans l'incendie de l'immeuble. Le bilan aurait pu être encore plus dramatique, 64 personnes ont été sauvées par les pompiers de Paris. 

Le témoignage du caporal Aurélien est à retrouver en intégralité sur le site Allo Dix-Huit.

Carole Blanchard avec Jules Chiapello