Incendie de Notre-Dame: "Il faudra 40 ou 50 ans pour la reconstruire"

Aux premières lueurs du jour, les portes ouvertes de Notre-Dame ont dévoilé ce mardi une scène de désolation. En s'effondrant à l'intérieur, le toit et la charpente ont jonché l'intérieur de la cathédrale de monceaux de débris calcinés. Le "bilan matériel est dramatique", déplore le porte-parole de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris, Gabriel Plus. Mais "cette cathédrale, nous la rebâtirons", a promis Emmanuel Macron.
Surnommée la "forêt", l’immense charpente en chêne de Notre-Dame, de 110 mètres de long, 13 mètres de large et 10 mètres de haut, était un joyau de l'architecture médiévale constitué de poutres vieilles pour les plus anciennes de huit siècles. Reconstruire une telle partie du monument devrait prendre des décennies.
Elle ne sera pas rebâtie à "l'identique"
"Maintenant il faut reconstruire. Au-delà des larmes, il faut commencer le travail mais ce qui m’attriste, très égoïstement, c’est que je ne verrai plus jamais la cathédrale. Il faudra 40 ou 50 ans pour la reconstruire. C’est ce qu’on a fait à Reims, à Vienne ou Dresde après les bombardements de la Seconde Guerre mondiale", livrait ce mardi Stéphane Bern sur notre antenne.
"Il faut se donner un délai court, comme on l'a fait dans le passé pour des chantiers d'exception", a déclaré Jack Lang devant la cathédrale parisienne. Prenant l'exemple de la cathédrale de Strasbourg, dont "la façade occidentale n'avait jamais connu la libération des échafaudages" en un siècle, il a expliqué que lors de son mandat, en "trois ans enfin, les Strasbourgeois [avaient pu] redécouvrir" la façade. "Il faut faire la même chose pour ici" en s'appuyant sur des "études scientifiques naturellement sérieuses et que l'on dégage les crédits".
Mais les années de travail, encore indéterminées, sauront-elles rendre son visage à la cathédrale?
"Elle a été à plusieurs reprise détériorée, abîmée, reconstruite. Ce qu’il faut savoir c’est qu’à chaque fois que nous restaurons un bâtiment, il n’est jamais reconstruit à l’identique", affirme sur BFMTV Edouard de Lamaze, président de l’Observatoire du patrimoine religieux.
De multiples dons pour la reconstruction
Face à ce chantier qui s'annonce colossal, les contributions ont déjà commencé à affluer. La mairie de Paris a débloqué 50 millions d'euros et accueilli plusieurs oeuvres qui ont pu être sauvées des flammes. Anne Hidalgo a l'intention d'organiser "une grande conférence internationale des donateurs", avec "des mécènes du monde entier afin de lever les fonds nécessaires à la restauration". De son côté, la présidente de la région Ile-de-France a alloué 10 millions d'euros d'"aide d'urgence pour aider l'archevêché à faire les premiers travaux".
Dans la nuit, la famille Pinault a promis 100 millions d'euros, tandis que le groupe LVMH et la famille Arnault ont annoncé donner 200 millions au fonds dédié à la reconstruction de Notre-Dame. Mardi après-midi, les Bettencourt et le groupe L'Oréal leur ont emboîté le pas, annonçant un don de 200 millions d'euros. Une souscription nationale va également être lancée, a confirmé Emmanuel Macron, pour aider à la reconstruction.
L'Unesco a indiqué se tenir aux "côtés de la France pour sauvegarder et réhabiliter ce patrimoine inestimable", inscrit à son patrimoine mondial.
Une réunion s'est tenue ce mardi à Matignon afin de soumettre des propositions à Emmanuel Macron pour reconstruire la partie supérieure de Notre-Dame. Pour l'heure, aucune décision n'a été prise, a expliqué un participant.