Immigration: titres de séjour, expulsions, demande d'asile... Les chiffres pour 2024 dévoilés

Un demandeur d'asile secouru par l'Aquarius arrive à Paris en 2018 (image d'illustration) - ALAIN JOCARD / AFP
La France a délivré 336.700 premiers titres de séjour l'an dernier, un chiffre en hausse de 1,8% par rapport à 2023, tandis que les expulsions augmentaient de 26,7% avec 21.601 reconduites au total, a annoncé ce mardi 4 février le ministère de l'Intérieur.
La hausse des titres de séjour marque toutefois un ralentissement par rapport aux années précédentes. L'an dernier les titres étudiants ont représenté un tiers du total (109.300) et les motifs familiaux un quart (90.600), selon le rapport annuel sur l'immigration rendu public par le ministère.
Une forte augmentation (+13,5%) a été enregistrée pour les motifs humanitaires, autour de 55.000, tandis que les titres de séjour pour motifs économiques se stabilisaient autour de 55.600.
Baisse des régularisations
Dans une approche géographique, les trois pays du Maghreb arrivent en tête des primo-délivrances avec un quart des titres. "C'est une histoire assez structurelle, qui a démarré en 2017", a indiqué Guillaume Mordant, le chef du département statistique de la Direction générale des étrangers en France (DGEF).
Au total, il y avait 4,3 millions de titres de séjours valides au 31 décembre 2024, en hausse de 3,9%.
Par ailleurs 31.250 personnes sans-papiers ont été régularisées l'an dernier, soit une baisse de 10%. C'est la première fois depuis 2020 que la tendance diminue pour cette "admission exceptionnelle au séjour", faite au titre de la circulaire Valls récemment durcie par le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.
Parmi ces personnes régularisées on trouve des travailleurs sans-papiers (10.330, en baisse de 10%) tandis que le motif familial concernait 20.090 personnes (-9%).
Expulsions en hausse
En ce qui concerne les expulsions, au total 21.601 étrangers en situation irrégulière ont été reconduits à la frontière l'an dernier, ce qui marque une hausse de 26,7%. Parmi eux, les éloignements forcés se sont élevés à 12.856, soit une hausse de 9,7%, selon le document.
En ce qui concerne la demande d'asile, le ministère a fait état d'une baisse de 5,5% du total a 157.947 dossiers. Cette baisse s'explique notamment par une baisse "de 45% des demandes Dublin", c'est-à-dire formulées dans un autre pays où le demandeur est passé initialement, a expliqué M. Mordant.
"Le nombre de demande d'asile baisse globalement en Union Européenne", puisqu'il y a eu un total de 950.000 dossiers déposés en 2024 après 1,050 million en 2023, a-t-il ajouté.
L'an dernier l'Ukraine a pris le relais de l'Afghanistan comme première nationalité des ressortissants demandant l'asile. La demande ukrainienne a elle été multipliée par quatre en un an à 13.350 demandes.
La publication de ces chiffres a rapidement fait réagir l'extrême droite, notamment au Rassemblement national. "Il n’est plus possible pour les Français de se contenter de mots et de déclarations sans lendemain, il faut désormais passer aux actes et mettre en place les mesures nécessaires pour reprendre le contrôle de notre politique migratoire", a écrit sur X la leader du parti et cheffe des députés RN Marine Le Pen.
Lundi 27 janvier, le Premier ministre François Bayrou a évoqué un "sentiment de submersion" migratoire, expression chère à l'extrême droite, et crispé le Parti socialiste dont il cherche à éviter la censure.