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"Ils ont croisé les terroristes": les témoins se confient à BFMTV, six mois après les attentats

"Ils ont croisé les terroristes": un documentaire exceptionnel de BFMTV six mois après les attentats.

"Ils ont croisé les terroristes": un documentaire exceptionnel de BFMTV six mois après les attentats. - BFMTV

Six mois après les attentats contre Charlie Hebdo, BFMTV diffuse ce jeudi soir un documentaire exceptionnel sur ceux qui ont croisé la route des frères Kouachi et d'Amedy Coulibaly, en janvier dernier. Des témoignages poignants à ne pas manquer.

Ils sont membres du GIGN, policiers du Raid, gardiens de la paix ou ont été otages. Mais ils ont tous un point commun: ils ont croisé la route de terroristes. BFMTV diffuse ce jeudi soir un documentaire d'une vingtaine de minutes regroupant de nombreux témoignages. "Près d'une centaine de personnes ont été contactées pour faire ce reportage", précise Sarah-Lou Cohen, journaliste spécialiste police-justice ayant participé au tournage de ce "Grand Angle".

"On a rencontré des gens qui sont encore sidérés, extrêmement choqués par ce qu'ils ont vus", confie-t-elle. Ces personnes ont assisté aux folies sanguinaires d'Amedy Coulibaly ou des frères Kouachi, certains les ont même combattus. "Le policier du Raid qui est entré dans l'Hyper Cacher s'exprime pour la première fois à la télévision", indique Sarah-Lou Cohen.

"Coulibaly n'était pas agressif"

Parce que le traumatisme est encore vif, ces personnes ont aujourd'hui le besoin de raconter ce qu'elles ont vécu. Dans ce "Grand Angle", un otage se souvient des moments stressants aux côtés d'Amedy Coulibaly dans l'Hyper Cacher. "Je l'ai vu au fond du magasin en train de regrouper tous les otages. Ayant peur qu'il tire sur tout ce qui bouge, je me suis signalé en lui demandant si je pouvais venir. Munis de ces deux kalachnikovs, il m'a répondu: 'oui, venez Monsieur'. Ce 'Monsieur' me reste dans la tête tant il est incongru dans une circonstance pareille", raconte Alain Couanon.

"Mais il n'était pas agressif. Il parlait calmement, plutôt gentiment", se souvient l'otage. "Il voulait nous tuer pour venger les musulmans persécutés dans le monde entier", ajoute le témoin.

"Un combat d'une extrême violence" avec les Kouachi

Laurent se rappelle, lui aussi, des moindres détails de son face-à-face avec les terroristes. Ce chef de section du GIGN a participé à l'assaut mené contre Chérif et Saïd Kouachi dans l'imprimerie de Dammartin-en-Goële. "Une porte s'entrouvre. Quelques minutes après, ils sortent avec les deux kalachnikovs. Ils sont très véloces, bien déterminés et immédiatement, ils ouvrent le feu. Il y a un combat d'une extrême violence qui s'engage entre eux et nous", se remémore Laurent.

Membre du Raid, Jean était devant le supermarché Hyper Cacher quand Amedy Coulibaly est sorti avec ses deux armes, chargeant les policiers. "Au moment où je m'approche, je vois Coulibaly qui fonce sur nous, les armes à la main, il fonce, il est presque à la porte, il est déjà un peu touché, mais il continue à tirer, il continue, comme happer, jusqu'au-boutiste" se remémore-t-il. "Ça y est, il est neutralisé, maintenant la priorité c'est les otages." Une vingtaine seront libérées par les forces de l'ordre.

"Quand je vais vers eux, je me dis 'c'est fini'"

Michel Catalano prenait un café avec son employé, Lilian, quand il se rend compte que les deux terroristes recherchés dans toute l'Île-de-France viennent d'entrer dans son imprimerie de Dammartin-en-Goële.

Pour faire gagner du temps à son jeune employé et lui laisser une chance de s'en sortir, le patron de l'entreprise se pose dans son escalier dans l'espoir de bloquer un peu les frères Kouachi. "Quand je vais vers eux, je me dis 'c'est fini'" se rappelle-t-il. Puis, contre toute attente, un dialogue s'engage. Il leur propose alors un café. "Vous me reconnaissez?", lui demande alors l'un des deux terroristes.

"A plusieurs reprises ils ont été entre la menace et la réalité, mais je les ai toujours regardés dans les yeux, et je les ai vouvoyés. Mais j'ai essayé de garder toutes mes émotions pour être le plus neutre possible", se rappelle-t-il. 

De longues heures s'écoulent. Les deux terroristes indiquent à Michel Catalano qu'ils souhaitaient que leur "combat" contre les forces de l'ordre s'achèvent dans les bois, mais ce sera finalement dans son imprimerie. Puis de premiers coups de feu sont tirés, entre deux gendarmes et les frères Kouachi. L'un deux, Saïd, est touché au cou. Ils se retranchent de nouveau dans le bâtiment.

Là, Michel Catalano demande s'il peut partir. "Non", lui répondent les terroristes. Il lui est alors demandé de faire un pansement au blessé. Il le fait une première fois, et demande à nouveau s'il peut partir. "Non", encore une fois. La scène aura lieu trois fois, avant que les terroristes consentent finalement à lui rendre sa liberté. Avant de lancer un assaut d'une extrême violence contre les forces de l'ordre. Jusqu'à leur mort.

Pierjean Poirot