Euro 2016: quand nos voisins européens doutent de notre capacité à l'organiser

Poubelles encombrant les rues de Paris, le 8 juin. - Geoffroy Van der Hasselt / AFPERIC FEFERBERG / AFP
La trêve des footballeurs n'aura pas lieu. A J-1 du coup d'envoi de l'Euro 2016, la tension sociale ne retombe pas en France. Les appels à cesser les grèves de François Hollande et Manuel Valls n'ont pas pu stopper la machine a contestation. "C'est un sujet sur lequel nous n'avons aucune prise, mais qui nous inquiète", a admis Jacques Lambert, patron de l'organisation de l'Euro 2016, mercredi. Chez nos voisins, la carte postale parisienne est écornée.
Dans certains arrondissements de Paris, les poubelles ne sont plus ramassées depuis plusieurs jours. A Marseille, autre ville-hôte de l'Euro, l'incinérateur de Fos-sur-Mer qui traite les ordures ménagères est aussi bloqué. Quant à la grève des pilotes qui menace à Air France, du 11 au 14 juin, les échanges avec la direction n'ont pas permis pour l'instant de la désamorcer. Avec la menace toujours pesante d'attentats terroristes, l'Euro français part sous de mauvais augures, et fait figure de test pour notre pays. Qu'en pensent nos voisins étrangers?
> Les Allemands inquiets
"La France est devenue un danger pour l'Europe". Le quotidien conservateur Die Welt pose un diagnostic plutôt sévère. "Pas d'électricité? Pas de gazole? Mon Dieu!", s'alarme en français dans le texte le journal. Le tabloïd Bild Zeitung pose la question: "Vont-ils (les Français, ndlr) bousiller l'Euro?"
Quant aux supporters, Le Parisien relate les dilemmes notamment de transports auxquels ils vont être confrontés. Faut-il risquer une grève des trains ou plutôt une pénurie d'essence. Certains ont décidé de louer un minibus plutôt que de s'en remettre aux transports en commun.
Lors des débats télévisés, notamment sur ARD, la première chaîne publique, les questions sécuritaires sont aussi évoquées, non en appréhension. Même les joueurs s'y mettent. Le défenseur de la Mannschaft Jérôme Boateng informe qu'il ne prendra pas le risque d'envoyer sa famille ne France pendant la compétition, rapporte entre autres L'Equipe.
> Les Britanniques circonspects
Avec le Brexit, les Britanniques ont d'autres débats à nourrir. Mais le ton moqueur de nos flegmatiques voisins ne faillit pas. Sur les grèves du ramassage des poubelles, la BBC s'amuse de ce que les "Grèves françaises étalent leurs collections de poubelles avant l'Euro 2016". Après avoir évoqué les grèves de tous les côtés, l'application gouvernementale censée prévenir le public en cas d'attentat et les inondations, l'article ironise sur de "bonnes nouvelles", à savoir la réouverture du Musée d'Orsay et du Louvre.
Le Daily Mail demande pour sa part à ses lecteurs s'ils sont prêts pour l'Euro? Mais loin des considérations sportives, l'épreuve consistera à affronter "des piles d''ordures et le chaos des transports". A grands renforts de photos de CRS et d'amoncellement de poubelles, le journal fait la chronique d'une pagaille annoncée.
> Les Espagnols dubitatifs
"La France est-elle préparée à célébrer l'Euro?". La version hispanique d'Euronews doute de la préparation française de l'événement. Le média rappelle, comme d'autres, les inquiétudes de Jacques Lambert quant aux perturbations pour lesquelles les organisateurs n'ont aucun contrôle.
> Les Ukrainiens en colère
Du côté de l'Ukraine, la grogne monte. Le problème n'est pas de savoir si les rues vont être parfumées aux ordures, mais de savoir si les supporters de ce pays vont pouvoir se rendre en France. Comme le rappelle Courrier International, la France est accusée de bloquer plusieurs centaines de fans ukrainiens en leur refusant un visa. Le scandale est venu de Volodia Bovbentchik, l'enfant "mascotte" de l'équipe nationale qui selon l'hebdomadaire Lviv Postoup, "s'est vu refuser son visa par les services consulaires français". Au motif, répond l'ambassade de France à Ukranews.com que: "Les informations communiquées pour justifier l’objet et les conditions du séjour envisagé ne sont pas fiables”.
Le quotidien Oukraïnska Pravda, dans sa revue européenne en ligne Evropeïska Pravda, accuse les autorités françaises d'avoir "créer des problèmes artificiellement" et "arbitrairement privé de vacances des centaines d'Urkainiens". Et la revue de souligner, selon elle, une "différence de traitement" avec les Russes, qui peuvent beaucoup plus facilement se rendre en France.