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Fin de vie: qui sont les membres d'Ultime liberté jugés pour avoir aidé des Français à se procurer des barbituriques?

Le tribunal de Paris juge, du 15 septembre au 7 octobre 2025, 12 des membres d'Ultime liberté. (Photo d'illustration)

Le tribunal de Paris juge, du 15 septembre au 7 octobre 2025, 12 des membres d'Ultime liberté. (Photo d'illustration) - CARINE SCHMITT / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Poursuivis pour acquisition, détention et importation illégale de pentobarbital en France, douze militants de l'association Ultime liberté sont jugés, depuis ce lundi 15 septembre, par le tribunal de Paris.

Ils veulent aller encore plus loin sur la fin de vie. Les douze membres de l'association Ultime liberté (UL) jugés à partir de ce lundi 15 septembre et jusqu'au 7 octobre prochain par le tribunal de Paris, reconnaissent ouvertement les faits: ils ont bel et bien 'guidé', entre 2018 et 2020, des personnes qui souhaitaient se suicider afin de se procurer des barbituriques en provenance de l'étranger.

En 2019, à la suite de la découverte par des enquêteurs américains d'une liste d'acheteurs en Europe, 140 perquisitions avaient eu lieu chez des membres ou proches de l'association partout en en France. Au fil des investigations, une quinzaine de personnes sont mises en examens pour acquisition, détention et importation illégale de pentobarbital dont 12 membres d'Ultime liberté.

Les acheteurs sont majoritairement âgées, comme le rappelle l'avocat de plusieurs prévenus Maître Arnaud Lévy-Soussan, mais "pas nécessairement malades à chaque fois".

Des retraités sur le banc des accusés

C'est une particularité que partagent les douze militants qui se présentent devant la justice ce lundi: leur âge. Tous ont plus de 70 ans et le plus âgé est né en 1936. Et si certains sont d'anciens médecins familiés des soins palliatifs et des douleurs liées aux maladies incurables, d'autres, en revanche, exercent (ou ont exercé) une profession bien loin du domaine médical. Dans les rangs d'Ultime liberté, on dénombre ainsi des enseignants ou encore d'anciens membres du Planning familial.

"Nous sommes en présence de personnes d'un certain âge, qui aident d'autres personnes âgées ayant toute leur tête et qui formulent clairement leur désir de mettre fin à leur jour autrement que violemment", souligne Me Arnaud Lévy-Soussan.

Pour le juriste en charge d'une partie de la défense, aider des personnes "dont on saisit les difficultés liées à l'âge" à se rendre sur le 'darkweb' pour commander du pentobarbital n'est ni synonyme d'homicide, ni de complicité au suicide (le suicide n'étant plus illégal en France depuis la Révolution).

Un point de discorde entre Ultime liberté et d'autres collectifs investis sur le sujet de la fin de vie. "Le fond reste le même, c'est bien vrai: venir en aide à des personnes qui ne peuvent plus vivre sans souffrance. Mais pour ma part, je suis un peu plus nuancé sur leur définition du 'cas par cas'", confie le médecin généraliste à la retraite Bernard Senet. Ce dernier, qui reconnaît publiquement avoir procédé à des suicides assistés, comparaît aussi dans ce procès, aux côtés des douze membres de l'UL, mais sans y avoir adhéré.

Une branche plus radicale

Les membres de l'association Ultime liberté sont en grande partie issus de l'Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD) et serait une branche un peu plus radicale de l'organisation fondée en 2009. Un collectif né de différents désaccords en interne, dont un en particulier: l'auto-administration de pentobarbital par les personnes souhaitant mourir.

"Pour comprendre qui sont les membres d'Ultime liberté, il faut savoir qu'ils ne militent en aucun cas pour le suicide assisté. Ils militent pour le suicide tout court", rappelle Arnaud Lévy-Soussan, citant un communiqué du 8 avril 2023 rendu public sur le site de l'association.

Dans ce communiqué, le collectif indiquait en effet ne pas vouloir se contenter "d'une restriction de l'accès à l'aide active à mourire soumise à des 'conditions médicales strictes' imposées à tous les citoyens".

"Je pense qu'un coup de sang peut arriver à tout le monde et qu'il faut toujours avoir un garde-fou dans ces cas là", plaide Bernard Senet. "Posséder la dose létale chez soi, c'est peut-être ce que je trouve problématique dans ce que met en avant l'UL. Autant laisser cela à des praticiens. En revanche, que ces praticiens soient âgés ou pas, cela ne me choque pas du tout", ajoute-t-il.

"C'est un sujet qui concerne tout le monde, que l'on soit jeune ou non, et il n'y aura pas de dérives si le futur cadre légal est bien définit du début", martèle quant à lui Me Arnaud Lévy-Soussan.

Camille Dubuffet