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Féminicides: "Il faut que les mesures aillent plus vite et plus loin"

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Une 81e femme a été tuée par son conjoint ce jeudi à Vénissieux, près de Lyon. A l'approche d'un Grenelle contre les violences conjugales qui se tiendra en septembre, la Fondation des femmes demande non seulement que les décisions de justice aillent "plus vite", mais aussi "plus loin".

Vers 7h30 jeudi, une femme de 43 ans se rendait sur son lieu de travail à Vénissieux quand elle a été percutée à plusieurs reprises par une voiture, coincée contre un mur. Au volant, son ex-compagnon de 45 ans, qui avait pourtant interdiction de l'approcher ou d'entrer en contact avec elle et devait être entendu en octobre par le tribunal correctionnel. Selon le collectif Féminicides par compagnons ou ex, la victime s'appelait Bernadette.

Depuis le début de l'année 2019, c'est la 81e femme à être tuée par un conjoint ou ex-compagnon, d'après le recensement de ce même collectif. Alors même que certaines de ces femmes sont censées être protégées par des décisions de justice.

"Il y a une audience qui allait avoir lieu en octobre, il y avait une interdiction pour ce mari de l'approcher et d'entrer en contact et ça ne l'a pas arrêté", a constaté ce vendredi matin sur BFMTV et RMC Marlène Schiappa.

"Quand toutes les politiques ont été mises en oeuvre, il faut qu'elles aillent plus rapidement"

"Dans les cas de féminicides qui se sont produits cette année (...) quand ça a failli, on peut apporter des correctifs. Quand toutes les politiques ont été mises en oeuvre, ça veut dire qu'il faut qu'elles aillent plus rapidement", a conclu la secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes. 

Un constat évidemment partagé par les structures venant en aide aux femmes en danger. "Il faut que ça aille plus vite, je dirais même il faut que ça aille plus loin", a abondé sur notre antenne Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes.

"Il faut que ça aille plus vite car souvent les décisions de justice mettent énormément de temps, et puis il y a plusieurs tribunaux", a-t-elle appuyé. Un Grenelle contre les violences conjugales se tiendra le 3 septembre prochain à Matignon.

"Des propositions pour simplifier et améliorer la prise en charge judiciaire"

"La Fondation des femmes va porter des propositions pour simplifier et améliorer la prise en charge judiciaire des femmes victimes de violences", a annoncé Anne-Cécile Mailfert, qui déplore "des décisions de justice (qui) mettent énormément de temps". 

"On se pose la question de savoir si (dans le cas de Vénissieux, NDLR), s'il avait eu un bracelet électronique anti-rapprochement qui émet une alarme auprès des services de police, quand il est dans un périmètre au côté de son ex-compagne, si ça n'aurait pas peut-être pu alarmer la police avant qu'il puisse passer à l'acte", a-t-elle aussi relevé. 

Début juillet, la garde des Sceaux a annoncé qu'elle souhaitait voir généralisé le bracelet électronique dans la lutte contre les violences conjugales, déjà prévu par la loi depuis 2017. Nicole Belloubet compte néanmoins la faire modifier pour qu'il soit étendu au-delà des personnes déjà condamnées. 

Sur notre antenne, Anne-Cécile Mailfert a aussi posé la question des moyens déployés pour lutter contre les violences et meurtres conjugaux. "On voit aussi que des dispositifs vont coûter de l'argent: des téléphones grand danger, des bracelets anti-rapprochement, l'hébergement d'urgence, etc. Il ne faut pas lésiner sur les moyens car ce sont des vies de femmes qui sont en jeu", a-t-elle rappelé. 
Liv Audigane