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Satisfaits du départ d'"AOC", les syndicats d'enseignants attendent de voir le "positionnement" de Belloubet

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Le monde enseignant est soulagé par le départ d'Amélie Oudéa-Castéra, embourbée dans les polémiques depuis son arrivée rue de Grenelle. Il scrute désormais les premiers pas de sa remplaçante, Nicole Belloubet, dont certaines prises de position passées interrogent au regard de la politique du gouvernement.

Le départ de l'une est applaudi, l'arrivée de l'autre suscite des espoirs. Les syndicats d'enseignants étaient unanimes ce jeudi 8 février après que la seconde partie du remaniement a été annoncée. Tous ont salué le départ d'Amélie Oudéa-Castéra comme ministre de l'Éducation nationale, intervenu à la suite de plusieurs semaines de crise.

Désormais, ils attendent de pied ferme sa remplaçante, Nicole Belloubet, d'autant que le parcours de l'ancienne rectrice et garde des Sceaux suscite la curiosité au regard de certaines prises de positions passées s'inscrivant à contre-courant de la politique du gouvernement.

"Plus possible de travailler" avec "AOC"

"Le départ d'Amélie Oudéa-Castéra est une bonne chose, une forme de victoire pour nous, ça va dans le bon sens", s'est félicitée sur BFMTV Sophie Vénétitay, secrétaire générale de la Snes-FSU, le principal syndicat du second degré (collèges et lycées). Pour elle, "AOC" - qui continue d'occuper le poste de ministre des Sports - a "beaucoup abîmé" l'Éducation. A tel point qu'il "n'était plus possible de travailler avec elle".

En cause: des "propos d'une ministre difficiles à entendre et une confiance rompue avec la profession", comme l'a résumé Guislaine David, secrétaire générale de la FSU-Snuipp, premier syndicat de la maternelle et l'élémentaire.

L'ex-tenniswoman avait déclenché une polémique dès le lendemain de sa nomination rue de Grenelle, en justifiant la scolarisation de ses enfants dans l'établissement privé Stanislas - où sont observées des "dérives", selon un rapport - par des "paquets d'heures pas sérieusement remplacées" dans le public.

Avant que cette version ne soit démentie par un article de Libération et que la ministre finisse par faire son "mea-culpa", évoquant "un souvenir erroné de maman vieux de 15 ans". Sans convaincre le monde enseignant qui a organisé deux grèves successives, les 1er et 6 février.

Les syndicats satisfaits de retrouver une "ministre de plein exercice"

Les messages hostiles à son égard ont fleuri, tandis qu'aux revendications initiales portant sur les salaires et la politique éducative au collège s'est ajoutée la défense de l'école publique, en réaction aux propos d'AOC. Gabriel Attal a lui-même reconnu que les "conditions n'étaient plus réunies" pour que l'éphémère ministre poursuive sa mission.

Après son départ, les syndicats se sont d'abord félicités de retrouver une ministre de "plein exercice" en la personne de Nicole Belloubet. "Nous avions jusqu'à présent une ministre qui était partagée avec la Jeunesse et les Sports, avec les Jeux olympiques approchant", a rappelé Norman Gourrier, secrétaire général du SNCL (Syndicat national des collèges et des lycées), sur BFMTV.

"Nous récupérons le profil d'une personne qui est certes un peu plus technicienne, mais qui a au moins le mérite de connaître les sujets", a-t-il ensuite estimé. Et pour cause: cette juriste connaît aussi l'éducation. Elle fut rectrice pendant huit ans, avant de démissionner en 2005 avec fracas, critiquant le manque de moyens octroyés par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. 

Belloubet suscite de la curiosité

"Nicole Belloubet était par le passé très critique sur des éléments qui sont désormais mis en avant", a également rappelé Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CFDT, autre syndicat enseignant. Des propos tenus dans un article en 2016 ressortent plus particulièrement. Dans celui-ci, la nouvelle ministre de l'Éducation critiquait les "fariboles sur la restauration de l’autorité ou le port de la blouse", défendus aujourd'hui par le gouvernement Attal.

"Quelle ministre va-t-on avoir? Une collaboratrice du président de la République ou une rectrice qui va démissionner si elle ne peut pas imposer ses propres décisions?", a interrogé Sophie Vénétitay sur BFMTV.

Pour celle qui enseigne dans l'Essonne, Nicole Belloubet "arrive au pied du mur dans un contexte incandescent". Lequel, au-delà des tensions générées par "AOC", est marqué par une opposition aux mesures du "choc des savoirs" de l'exécutif, ensemble de réformes prévoyant notamment la mise en place de groupes de niveau au collège l'année prochaine.

Baptiste Farge avec AFP