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Progrès en CE1, difficultés en CM2... Des résultats en demi-teinte pour les évaluations en primaire

Une école primaire à Bordeaux en septembre 2016.

Une école primaire à Bordeaux en septembre 2016. - MEHDI FEDOUACH / AFP

En septembre, les élèves du CP au CM2 ont passé des tests visant à évaluer leurs compétences en français et en mathématiques. Les résultats, annoncés par le ministère de l'Éducation ce jeudi 31 octobre, soulignent des lacunes tenaces.

"Des efforts, mais peut mieux faire". Ce jeudi 31 octobre, l'Éducation nationale a publié les résultats des évaluations nationales en français et en mathématiques qu'ont passé en septembre tous les élèves du CP au CM2.

D'un côté, le ministère se réjouit globalement d'"une hausse des performances qui s’inscrit dans la durée pour de nombreuses compétences". De l'autre, il note plusieurs difficultés, à des degrés divers selon les niveaux.

"Pour la première fois depuis cinq ans, on voit des résultats extrêmement encourageants sur ces savoirs fondamentaux: lire, écrire, compter (...) Néanmoins, en CM2, on a encore 30% de nos élèves qui ne sont pas fluides complètement en lecture", a commenté sur France info la ministre de l'Éducation Anne Genetet.

• Au CP, une légère progression globale

Au CP, la porte d'entrée du cours élémentaire, les résultats sont présentés comme "stables entre 2023 et 2024" dans la majorité des compétences surveillées en français et en mathématiques. En français, des légères progressions s'observent sur certaines compétences comme "la connaissance des noms, des lettres et des sons qu'elles produisent" (83,3%, +3,2).

Reste que, si les courbes sont en hausse, les volumes restent parfois bas. En mathématiques par exemple, dans la compétence de résolution de problèmes, la proportion d'élèves présentant des résultats "satisfaisants" passe de 66,1 à 68%. Ce qui implique qu'un tiers des élèves n'a pas le niveau adéquat.

À noter toutefois, les évaluations ayant lieu en septembre, les élèves n'ont pas véritablement commencé leur enseignement, ces résultats sont donc plutôt un reflet des acquis durant la grande section de maternelle. Des résultats dont l'évolution s'observe sur une durée de sept ans, l'évaluation standardisée ayant lieu à ce niveau depuis 2018.

• Au CE1, une amélioration notamment en mathématiques

C'est sur la classe de CE1 que les progressions semblent les plus fortes. Par rapport à l'année 2023, les compétences en français enregistrent une forte hausse, notamment dans la proportion d'élèves sachant convenablement lire à voix haute, qui progresse de 5,4 points.

"En mathématiques, par rapport à 2023 les résultats sont en hausse pour toutes les compétences sauf la résolution de problèmes et la reproduction d’assemblage stables", se félicite l'Éducation nationale.

Toutefois, les compétences "additionner" et "soustraire", bien que mieux assimilées, restent mal maîtrisées par environ un élève de CE1 sur trois. Une hausse donc forte, qui cache là encore de fortes lacunes sur plusieurs compétences.

À noter l'effet des dédoublements des classes, plus marqué pour les mathématiques que pour le français. C'est-à-dire que les écarts de performance entre l'éducation prioritaire et les autres écoles se réduisent en mathématiques dans 5 compétences sur 8, tandis qu'ils sont plus stables en français.

• Au CE2, des premiers résultats "contrastés"

Pour la première fois, les élèves de CE2 ont été soumis à ces tests de niveau, ce qui ne permet pas de dégager d'évolution. Toutefois, les résultats montrent un ensemble fragile, notamment en mathématiques, où le taux de réussite en "résolution de problèmes" plafonne à 48%, soit moins d'un élève sur deux.

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"En français, les pourcentages d’élèves ayant des niveaux satisfaisants se situent entre 54,3% de réussite en grammaire, pour la compétence 'connaître les principaux constituants de la phrase' à 81,1 % en compréhension orale, pour 'comprendre un texte et des phrases à l’oral'", souligne l'Éducation nationale, pointant des "résultats contrastés" en fonction des compétences.

• En CM1, un élève sur deux maîtrise la conjugaison

Les résultats de l'évaluation en français permettent de scinder deux blocs. D'un côté, les compétences les mieux maîtrisées en français, la compréhension orale et écrite, avec respectivement 78% et 73,4% de satisfaction.

Mais, de l'autre, les compétences les moins satisfaisantes "mémoriser des temps de conjugaison" et "identifier la relation sujet – verbe" plombent la moyenne, avec un taux de réussite de 49,3% et 55,1%. Plus inquiétant encore, la lecture à voix haute n'est maîtrisée en CM1 que par 26,8% des élèves.

Du côté des mathématiques les écarts sont moins forts. "La part des élèves présentant une maîtrise satisfaisante augmente dans l’ensemble des compétences, de +1,2 point à +2,2 points, par rapport à 2023, à l’exception de 'écrire des nombres entiers' qui est stable", résume le ministère.

• Des premiers résultats inquiétants en CM2

C'est en CM2 que les résultats sont les plus fragiles. Comme pour les élèves de CE2, c'est la première fois que les niveaux de cette classe sont mesurés. Par exemple, plus d'un élève sur deux (53,3%) ne maîtrise pas la conjugaison, tandis que 30% des élèves n'ont pas une lecture à voix haute fluide et 25% n'ont pas le niveau attendu pour la compréhension des textes à l'oral.

Le 4 janvier 2023, alors que le ministre de l'Éducation Pap Ndiaye était l'invité de BFMTV, il avait déjà attesté de fortes difficultés en français dans cette tranche d'âge. Celui-ci avait noté un doublement du nombre de fautes entre 1987 et 2023 à l'épreuve de la dictée nationale.

Enfin, en mathématiques, de vastes fossés se creusent en fonction des compétences. "Les taux de maîtrise s’échelonnent de 37,1 % pour la compétence "mémoriser des faits numériques" évaluant les automatismes à 80,5 % pour "écrire des nombres entiers", relève le ministère.

À tous les niveaux, ces résultats n'ont pas vocation à accabler les élèves. À grande échelle, ils permettent plutôt d'identifier les points pouvant faire défaut à la "politique éducative" globale. Pour les élèves, ils les renseignent sur leurs points de progression, tandis que les enseignants disposent désormais de "repères précis" pour guider leur action.

Véronique Fèvre avec Tom Kerkour