Pause numérique: l'utilisation des téléphones totalement interdite dans les collèges de l'Ardèche

Un élève utilisant un smartphone à l'école. France, septembre 2017. (Photo d'illustration) - PATRICK HERTZOG / AFP
La "pause numérique" se généralise après l'annonce d'Élisabeth Borne en ce sens début avril. Le conseil départemental de l'Ardèche et le rectorat de l'académie de Grenoble, dont dépend ses établissements, ont interdit mercredi 18 juin les téléphones portables dans les 39 collèges du département dès la rentrée de septembre 2025.
Si leur utilisation était déjà prohibée sur le temps scolaire, les 15.000 élèves concernés ne pourront désormais plus avoir leurs mobiles sur eux, rapporte ici Drôme Ardèche. Cela ne suffira donc plus de les éteindre ou de les ranger.
La raison? Les deux entités pensent que le téléphone portable en cours perturbe l'apprentissage. "Les jeunes passent six heures par jour en moyenne dessus", souligne le président du conseil départemental Olivier Amrane auprès de la radio locale.
"Les objectifs sont de favoriser la concentration, l'attention des élèves et réduire les tensions liées à l'usage des réseaux sociaux", écrit le département dans un post sur Facebook, parlant d'"une première en France" à cette échelle.
Depuis le début de l'année scolaire 2024-2025, trois collèges de l'Ardèche sur près de 200 en France (plus de 50.000 élèves au total) ont pris part à cette expérimentation à l'initiative du ministère de l'Éducation nationale, selon Le Dauphiné libéré.
Sept ans après avoir fait voter une loi dans ce sens, le gouvernement souhaite notamment arriver à une "amélioration du climat scolaire" en enrayant "le harcèlement en ligne" et la "diffusion d'images violentes" facilités par les smartphones.
"Assumons de prendre une décision qui peut apparaître comme une sanction en première intention mais dont nous pensons qu'elle aura des effets positifs sur la vie scolaire, sociale de l'élève et sur toutes ses questions de malaise mental", ajoute le recteur de Grenoble Philippe Dulbecco à ici Drôme Ardèche.
"On ne peut pas s'empêcher quand même de faire une relation: perte de repère, désocialisation, entre-soi, cyberharcèlement... Tous ces maux sont quand même liés à un usage immodéré du téléphone portable", estime-t-il selon cette même source.
Des bornes à l'entrée ou des casiers fermés
Les 26 établissements publics ardéchois et les 13 autres privés auront de leur côté la latitude de choisir la meilleure façon de faire pour garder les téléphones portables hors de portée des adolescents.
"On peut installer des bornes à l'entrée de chaque établissement avec des sachets. Le jeune, quand il arrive, il met son téléphone dans le sachet, ça le déconnecte et quand il ressort le soir ça le reconnecte", suggère Olivier Amrane.
Autre possibilité: les collégiens pourront remettre leur portable dans un casier personnel ou dans une mallette à leur entrée dans l'établissement.
Sur le plan financier, le conseil départemental et le rectorat vont aider les collèges à s'équiper, dixit ici le média local. La mesure sera également suivie par des chercheurs pour mesurer les impacts sur l'enseignement et la vie scolaire. En cas de non-respect de cette nouvelle règle, les élèves s'exposent à des sanctions.
"Cette réponse, dont la loi prévoit qu'elle peut aller jusqu'à la confiscation, doit être précisée dans le règlement intérieur de l'établissement. Dans les collèges, elle peut prendre la forme d'une punition scolaire (devoir supplémentaire, heure de retenue...) et être associée d'une sanction disciplinaire pour les cas les plus graves", souligne une note gouvernementale.
Selon une étude menée par l'Université de Birmingham, confisquer les téléphones dans les écoles n'améliorerait cependant pas les notes des élèves ou leur bien-être mental. Les chercheurs ont expliqué qu'une telle interdiction "ne suffisait pas" et "qu'aucune preuve" ne permettait un effet bénéfique.