Parcoursup: les lycéens de banlieue discriminés?

Dix jours après les premiers résultats de Parcoursup, beaucoup d'élèves du lycée Paul-Eluard de Saint-Denis n'ont pas obtenu les voeux qu'ils souhaitaient. Jeudi, ils ont décidé de bloquer leur lycée pour dénoncer la nouvelle plate-forme de sélection à l'université qui serait discriminatoire selon eux. En Seine-Saint-Denis, ils estiment ne pas avoir la même chance que leurs voisins parisiens.
"On a le sentiment d'être recalés. Quand on voit des élèves de Paris qui ont 9 de moyenne et qui réussissent à intégrer des facs prestigieuses juste parce qu'ils habitent là, c'est révoltant. Dans nos lycées, il y a des gens qui ont 18 de moyenne, ils ont des capacités de malade et ils n'arriveront jamais à intégrer ces universités-là", s'agace Célia, élève en terminale ES.
Face à un avenir incertain et à un peu plus de deux semaines du Bac, certains sont déjà démotivés. "Soit je fais une année sabbatique et je serai encore moins prioritaire soit je vais dans une licence qui ne m'intéresse pas. Je suis un peu perdue, j'essaie de trouver des solutions", explique Lauriane, en terminale STL.
"Nos lycéens passent après"
Selon les professeurs du lycée, une semaine après les premières réponses 56% des élèves n'ont toujours pas de proposition contre 33% à l'échelle nationale.
"Les chiffres sont là. Nos lycéens passent après, c'est ça qui est scandaleux. La sélection, quoi qu'on en dise existait avant, Parcoursup l'aggrave", estime Agnès Renaud, professeur de français au lycée Eluard.
Même lorsque les élèves sont reçus, leurs perspectives sont limitées. Beaucoup de réponses positives arrivent en effet de Paris VIII, l'université située à Saint-Denis. "C'est tant mieux, je remercie Paris VIII d'exister. Mais ils se retrouvent à Paris VIII, c'est-à-dire cantonnés en banlieue", poursuit cette enseignante.
Le président du département de la Seine-Saint-Denis s'est aussi fait le porte-parole de cette mobilisation, expliquant craindre que "les lycéen.nes des quartiers populaires soient les premier.e.s touché.e.s par la vague de refus ou de mise sur liste d’attente".
Une délégation d'élèves a par ailleurs été reçue par le maire de Saint-Denis et par le député Eric Coquerel (France insoumise) qui soutiennent leur action.
Face à la polémique, la ministre de l'Enseignement supérieur a rappelé que chaque formation fixe des taux d'élèves hors académie à accueillir ainsi que des quotas de boursiers.