Pap Ndiaye à l'Éducation nationale: les syndicats d'enseignants "surpris" et dans l'expectative

Pap Ndiaye et Jean-Michel Blanquer le 20 mai 2022 lors de la passation de pouvoir au ministère de l'Education - EMMANUEL DUNAND / AFP
Surprise du nouveau gouvernement, l'historien Pap Ndiaye a été nommé ministre de l'Éducation vendredi. La désignation de ce spécialiste de l'histoire sociale des États-Unis et des minorités surprend, car ses avis apparaissent en rupture avec ceux de son prédécesseur Jean-Michel Blanquer. Les deux hommes avaient ainsi affiché leurs différences d'opinion sur le terme islamo-gauchisme début 2021.
Après cinq ans de bras de fer avec Jean-Michel Blanquer, les syndicats saluent le changement de ministre, mais restent pour le moment dans l'expectative.
"On est surpris"
Cette nomination "a été une surprise, je pense pour tout le monde, parce que cela ne faisait pas partie des noms qui circulaient", déclare ce samedi sur BFMTV Guislaine David, co-secrétaire générale et porte-parole du syndicat d'école primaire Snuipp-FSU. "Cet universitaire qui fait son entrée en politique est peu, voire pas connu de la communauté éducative", note de son côté dans un communiqué le syndicat UNSA.
"Comme tout le monde, on est surpris", abonde auprès de BFMTV.com Laurent Hoefman, président national du SNE (Syndicat du premier degré), qui souligne que le nouveau ministre "n'a jamais exercé cette mission auparavant".
Dominique Bruneau, secrétaire fédéral du Sgen-CFDT, note lui auprès de BFMTV.com des différences entre l'ex et le nouveau ministre, soulignant des "ruptures entre les deux hommes sur certains points". Plusieurs syndicats notent dans tous les cas la nécessité de recréer le dialogue après le départ de Jean-Michel Blanquer. "La priorité, c’est la nécessité de travailler à la réconciliation des personnels avec leur institution", écrit ainsi l'Unsa.
Avec Jean-Michel Blanquer, "il n'y avait pas de dialogue, c'était un ministre qui ne supportait pas la contestation et ne supportait pas qu'on n'ait pas le même avis que lui (...) Donc bien évidemment, oui, il va falloir changer la méthode", déclare Guislaine David.
"Il est là pour mettre en place la politique d'Emmanuel Macron"
Passée la surprise, plusieurs interrogations persistent, car si le ministre change, la majorité reste pour l'instant la même, et les syndicats d'enseignants craignent la continuité de la politique menée par le ministère de l'Éducation durant le dernier quinquennat. Pap Ndiaye, "est là pour mettre en place la politique d'Emmanuel Macron et le programme éducatif d'Emmanuel Macron, programme que nous contestons et qui est à rebours de ce que nous envisageons", rappelle ainsi la représentante Snuipp-FSU.
"Comment va être poursuivie, ou pas, la politique de Jean-Michel Blanquer? Quelles orientations sont prévues ?" interroge Laurent Hoefman, qui redoute de son côté un changement de cap au niveau des programmes, "cela déstabiliserait les enseignants".
Tous attendent pour le moment de rencontrer le nouveau ministre, "d'ouvrir un véritable dialogue social, de parler des chantiers qu'il va falloir lancer, d'avoir sa feuille de route", explique Dominique Bruneau. Avant cela, "on ne peut pas vraiment dire si on est satisfait ou pas" de cette nomination. De plus, "il est difficile de prévoir quelle marge d'autonomie il aura" pendant son mandat.
"Nous jugerons sur des actes"
"De toute évidence nous jugerons sur des actes et sur les premières relations que nous aurons avec le ministre", déclare Guislaine David.
Dominique Bruneau souligne d'autre part que les élections législatives pourraient de toute façon avoir une influence sur les projets du nouveau ministre. Tous rappellent en tout cas les besoins de l'Éducation nationale plusieurs fois exprimés au cours du dernier quinquennat, concernant notamment la revalorisation salariale des professeurs.
"C'est en premier lieu une chose qui doit bouger rapidement", explique Guislaine David. C'est "quand même un dossier prioritaire quand on voit l'état du recrutement, quand on voit l'état du salaire des enseignants, et de ce point de vue là on attend aussi des actes très rapides de notre nouveau ministre", lance également sur notre antenne Sophie Vénétitay, secrétaire adjointe de la SNES-FSU.
