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INFO BFMTV. Éducation à la sexualité à l'école: une nouvelle version du programme dévoilée

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Le programme d’éducation à la vie affective relationnelle et à la sexualité, dit EVARS, a été remanié avec l'arrivée de la nouvelle ministre Élisabeth Borne. Il doit être évoqué le 29 janvier prochain au Conseil supérieur de l'éducation.

Un texte corrigé, plus adapté à l’âge des élèves et à leur vie quotidienne, mais qui conserve sa philosophie. BFMTV a pu consulter la nouvelle version du programme d’éducation à la vie affective relationnelle et à la sexualité, dit Evars.

Plus précisément, il s'agit ni plus ni moins de la troisième version de ce programme qu'Élisabeth Borne, la nouvelle ministre de l'Éducation nationale, souhaite adopter rapidement. Ce sera d'ailleurs le premier sujet évoqué en Conseil supérieur de l'éducation qui se tiendra le mercredi 29 janvier. Le programme sera alors présenté aux syndicats et associations de parents.

"Sans se substituer au rôle des parents et des familles"

Si Élisabeth Borne a annoncé qu’elle reprendrait pour l'essentiel le texte présenté par sa précédesseure Anne Genetet, quelques modifications peuvent être constatées. Le programme est en effet obligatoire de la maternelle au lycée mais "sans se substituer au rôle des parents et des familles des élèves".

Autre point d'attention: le terme "identité de genre", qui est cité sept fois au lieu de 17 dans la précédente version. La "théorie du genre" n'apparaît d'ailleurs dans aucune des versions, ni celle-ci ni la précédente, même si la notion de genre est abordée, au travers de la lutte contre les stéréotypes entre filles et garçons dès la maternelle. Autre modification du programme: l'absence de la question de l'asexualité (absence d'attirance sexuelle envers autrui, NDLR).

Pour le reste, la philosophie est la même que celle des précédentes versions du programme: la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, la lutte contre les effets de la pornographie et contre la prostitution précoce. L'apprentissage du consentement, la prévention de l’inceste et les risques de réseaux sociaux sont aussi évoqués.

Un programme qui va de la maternelle au lycée

Le programme vise à aborder toutes les notions très tôt mais de manière adaptée à l'âge de l'élève, et en revenant au fil de la scolarité sur ces notions en les affinant. Les parents sont d'ailleurs prévenus en amont des dates auxquelles ont lieu les trois séances obligatoires par an.

Les professeurs en ont la responsabilité première, mais peuvent se faire accompagner par des partenaires extérieurs agrées au collège et lycée. Les directeurs d'école et chefs d'établissements sont garants de la mise en œuvre effective de cet enseignement.

En maternelle, les enfants apprennent à connaître leur corps et commencent à aborder la notion d'intimité. Ils identifient les quatre émotions de base, apprennent à dire "non" et à respecter le refus de l'autre, apprennent l'égalité filles garçons et à identifier les personnes de confiance. À partir de 4 ans désormais (soit un an plus tôt par rapport au texte précédent), on leur apprend aussi à savoir qu'il existe des comportements interdits et ce, même avec un adulte de confiance.

En élémentaire, la notion d'intimité occupe une place plus importante. Les élèves apprennent à savoir comment la protéger, à comprendre la diversité des sentiments, les liens familiaux, à promouvoir des relations égalitaires et à prendre conscience qu'on peut aimer qui on veut.

À partir du CM1, la puberté est abordée mais aussi d'autres sujets comme le harcèlement scolaire. En CM2, les enfants apprennent ce que sont les règles et qu'elles ne doivent pas être l'objet de moqueries. Ils sont aussi alertés sur les risques d'Internet et des réseaux sociaux qui restent interdits avant 13 ans mais aussi sur le cyberharcèlement.

Le parti-pris : Éducation à la sexualité, est-ce le rôle de l'école ? - 30/10
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La question du consentement présente tout au long du programme

Au collège, les élèves de 6e comprennent et apprennent à vivre les changements de leurs corps et que les relations peuvent changer. En 5e le terme d'"identité de genre" disparaît et est remplacé par le mot "genre", les élèves sont alors invités à réfléchir aux discriminations de sexe, de genre et d’orientation sexuelle.

En 4e, les collégiens étudient des représentations de la sexualité dans l’espace public et en examinent la dimension égalitaire ou inégalitaire. Ils apprennent aussi à savoir où et comment s’informer pour bénéficier de dépistages ou d’une prise en charge médicale en matière de santé sexuelle.

En 3e, les élèves apprennent à comprendre la notion de pornographie et à la différencier des contenus érotiques, à comprendre l'exploitation sexuelle et que les victimes ne sont jamais responsables. Ils apprennent aussi l'importance de donner et d’obtenir le consentement, comprendre que le désir peut ne pas toujours être assouvi et à accepter un refus de la part de l’autre. D'autres thèmes comme la soumission chimique, le droit à l'avortement et l'histoire de la dépénalisation de l'homosexualité sont aussi enseignés.

Enfin au lycée on explique aux élèves que les différences biologiques entre les femmes et hommes ne déterminent pas les expressions, les comportements et les rôles attribués aux genres "masculin" et "féminin".

Ce n’est en effet qu’en classe de seconde que les élèves sont invités à prendre conscience que les sexes biologiques peuvent ne pas correspondre à son identité de genre. Ils comprennent aussi qu'il existe des personnes intersexes et apprennent en 1re que les situations d’hésitation ou d’incertitude doivent être reçues comme une absence de consentement, élément essentiel d'une relation sexuelle.

Élisabeth Borne a déclaré, début janvier, vouloir que le programme Evars "puisse se mettre en place à partir de la prochaine rentrée".

Véronique Fèvre avec Hugues Garnier