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Éducation: le coup de griffe de Jack Lang à Jean-Michel Blanquer

Jack Lang le 2 mai 2017 à l'Élysée

Jack Lang le 2 mai 2017 à l'Élysée - Stéphane de Sakutin-AFP

Jack Lang, ancien ministre de l'Éducation nationale, a réagi aux premières mesures prises par son successeur à la tête de la rue de Grenelle. S'il salue "un homme de qualité", il ne manque pas de lui adresser quelques critiques.

Alors que les enfants reprennent ce lundi le chemin de l'école, Jack Lang, ancien ministre de l'Éducation nationale, distribue les bons points et les mauvaises notes à son successeur, Jean-Michel Blanquer, dans une interview pour L'Obs.

"Ce n'est ni un fumiste ni un amateur"

En préambule, le président de l'Institut du monde arabe salue "un vrai professionnel, qui connaît les rouages du vaisseau 'Éducation'". 

"Ce n'est ni un fumiste ni un amateur comme on a pu en voir si souvent rue de Grenelle. Avec lui, nous avons un homme de qualité", lance l'ancien locataire de la rue de Grenelle.

Si Jack Lang se "réjoui(t)" des premières mesures prises par Jean-Michel Blanquer - le rétablissement du grec, du latin, des classes bilangues et des classes européennes, "dont nous avons été les initiateurs en 1992", tient-il à préciser - il adresse une critique à son successeur. Car selon lui, le dédoublement des classes de CP et CE1 en REP et REP+, "c'est bien, mais pas suffisant". 

"Quid de la quantité innombrable d'élèves - de tous milieux - qui restent pendant des semaines ou des mois sans professeurs? Mon inquiétude, c'est que ces classes à effectif réduit dans l'éducation prioritaire se réalisent parfois au détriment des autres écoles."

"Un enfant n'est pas une machine"

Il accuse par ailleurs Jean-Michel Blanquer d'avoir "une part de responsabilité" dans la suppression de la formation des enseignants. L'année de stage en alternance avait été supprimée durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy alors que l'actuel ministre de l'Éducation nationale était à l'époque directeur général de l'enseignement scolaire.

Jack Lang réagit également à l'annonce du ministre d'abandonner la méthode globale au profit d'un retour à la méthode syllabique pour l'apprentissage de la lecture. Selon lui, cette polémique est "irréelle" et "hors sol". 

"Un apprentissage purement technique, mécanique, dépouillé du travail sur le sens, serait de toute façon voué à l'échec (...) il faut préserver l'esprit de la maternelle au début du primaire! (...) un enfant n'est pas une machine. Un enfant, c'est une âme, un être vivant."

La semaine de quatre jours, "une régression"

Autre reproche formulé par l'ancien ministre de François Mitterrand: le retour de la semaine de quatre jours. "C'est une régression, un non-sens pédagogique. Sur cette question, on se moque des gens et surtout des enfants", regrette Jack Lang.

"Ce doit être à l'Éducation nationale de fixer la règle, pas aux municipalités, et aux enseignants (...) Avec la semaine de quatre jours, le service public s'étiolera, s'appauvrira, les inégalités territoriales se creuseront. Que vont devenir les enfants pendant les trois jours de congé, livrés à eux-mêmes, à la télévision, aux réseaux sociaux, à la rue?"

L'ancien député du Pas-de-Calais adresse une autre mise en garde à son successeur: le conseil supérieur des programmes, "ce soviet irresponsable". Selon Jack Lang, c'est le ministre qui devrait trancher quant aux programmes, et non ce "bric et de broc de parlementaires et de personnalités qualifiées dépourvues de toute représentativité."

"Les programmes sont toujours aussi illisibles, touffus, abusivement encyclopédiques. Ce conseil supérieur, il faut le laisser mourir de sa belle mort. Qu'il tombe en désuétude. Et qu'on n'en parle plus."

Céline Hussonnois-Alaya